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Emploi

La prime aux salariés très critiquée à l'Assemblée

La prime obligatoire pour les salariés des entreprises qui augmentent leurs dividendes a fait l'objet mardi de vives critiques à l'Assemblée nationale, et pas seulement de la part de la gauche. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

La prime obligatoire pour les salariés des entreprises qui augmentent leurs dividendes a fait l'objet mardi de vives critiques à l'Assemblée nationale, et pas seulement de la part de la gauche. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS (Reuters) - La prime obligatoire pour les salariés des entreprises qui augmentent leurs dividendes a fait l'objet mardi de vives critiques à...

PARIS (Reuters) - La prime obligatoire pour les salariés des entreprises qui augmentent leurs dividendes a fait l'objet mardi de vives critiques à l'Assemblée nationale, et pas seulement de la part de la gauche.

Les députés devaient engager en séance de nuit l'examen du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2011 qui comporte notamment cette disposition annoncée mi-avril par Nicolas Sarkozy.

Cette "prime dividendes", d'abord appelée "prime à 1.000 euros", serait obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés ayant versé des dividendes en hausse par rapport à la moyenne des deux dernières années.

Elle concernerait environ quatre millions de salariés et non pas huit millions comme cela avait été évoqué au début.

La gauche est clairement contre.

"C'est un miroir aux alouettes. C'est une annonce. Ni le montant, ni le nombre de bénéficiaires ne sont fixés", a dit Jean Malot (PS). "Cette prime, si elle existe un jour, sera exonérée de cotisation sociale. C'est donc une nouvelle niche sociale. Le gouvernement prétend les supprimer, il en crée une nouvelle", a-t-il dit.

"Cette prime n'a cessé de se dégonfler au fur et à mesure. Cette prime c'est un mirage de plus", a déclaré Roland Muzeau, porte-parole des députés PC et apparentés.

Plusieurs élus de la majorité ont eux aussi exprimé leurs réserves.

"Cela a un côté cerise sur le gâteau alors qu'il serait peut être préférable d'améliorer le gâteau", a ainsi déclaré l'UMP Christian Vanneste, membre du collectif La Droite populaire.

Les syndicats de salariés sont eux aussi critiques.

"Le vrai problème est celui du pouvoir d'achat des salariés qui ne sera en rien résolu par le versement de cette prime, véritable usine à gaz", a déclaré mardi Jacques Voisin, le président de la CFTC, dans un communiqué.

Les trois organisations patronales - Medef, CGPME et UPA - ont réaffirmé lundi leur opposition à cette mesure.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a encore demandé mardi des modifications et notamment que la prime puisse concerner seulement les entreprises à partir de 500 salariés.

La ministre déléguée chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, Nadine Morano, a défendu la réforme mardi lors de la séance de questions au gouvernement au Palais Bourbon.

"C'est un texte important parce que des millions de salariés vont pouvoir en bénéficier", a-t-elle dit. "Si nous croyons à la valeur du travail, nous croyons aussi au capital que nous n'opposons pas. Nous croyons aussi au dialogue social car c'est dans le cadre du dialogue social que cette prime sera discutée", a-t-elle ajouté.

"C'est l'équité qui, pour nous, compte en matière économique", a conclu la ministre.

L'examen de ce projet de loi rectificative devrait se poursuivre mercredi et jeudi, les députés devant se prononcer le mardi 21 juin par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat examinera début juillet.

Le gouvernement souhaite voir la réforme définitivement adoptée avant la mi-juillet.

Emile Picy, édité par Patrick Vignal