BFM Business
Emploi

Emploi des seniors : la clé de la réforme ?

-

- - -

Dans le cadre de la réforme des retraites, l’emploi des seniors devrait bénéficier prochainement de nouvelles mesures de soutien. Témoignages d’employeurs, « frustrés ».

Travailler plus longtemps pour financer les retraites, c'est bien beau. Encore faut-il trouver un emploi lorsqu'on a plus de 55 ans...

Seuls 39% de nos 55-64 ans ont un emploi

En France, le taux d'emploi des seniors entre 55 et 64 ans est de 39%, contre 45% au niveau européen. Pour booster l'emploi des seniors, le gouvernement envisage d'exonérer de charges sociales les sociétés qui embaucheraient des seniors au chômage. Il veut aussi alléger les charges sociales des entreprises qui conserveraient leurs seniors dans leurs effectifs.

« Un senior, 30% plus cher qu'un jeune »

Qu'en pensent les chefs d'entreprises ? « C'est frustrant ! », confie Mickael Zenevre, qui dirige une PME de marketing et de communication de 10 salariés dans les Vosges. Il voulait recruter un cadre de 55 ans pour développer l'entreprise. Mais avec son expérience, ce senior demandait logiquement un salaire élevé. Et qui dit salaire élevé, dit charges sociales élevées : « C’était inaccessible pour mon entreprise. Je me suis donc rabattu, hélas, sur quelqu’un de moins expérimenté, qui n’est donc pas encore opérationnel par rapport aux objectifs fixés. » Résultat, l'entreprise se développe moins vite que prévu.

Didier Proriol, patron d'un restaurant à Dijon (Côte-d'Or), estime même qu’embaucher un senior plutôt qu'un jeune, coute « 30% plus cher, charges comprises. On a besoin d’expérience, donc ça se rémunère. Donc les charges empêchent certainement d’embaucher quelques personnes de grande qualité. »

« Un senior un peu "cassé", reclassé dans l’entreprise »

Dans d'autres entreprises, on espère surtout un allègement de charges pour garder les seniors déjà embauchés depuis plusieurs années. Comme dans cette société de nettoyage à Rennes (Ille-et-Vilaine), où on envisage de faire passer les salariés "usés" par le métier, à des postes de formateurs pour les plus jeunes. Un aménagement qui ne serait rentable qu'avec un allègement des charges sociales, explique le directeur, Bruno Coeurdray, « un exemple très concret » à l’appui : « on va pouvoir reclasser dans l’entreprise, sur une partie formation, un senior de 60 ans, qui a eu un accident et est un peu "cassé" ».

La Rédaction, avec Yannick Olland