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Dans les entreprises, les femmes encore peu nombreuses à demander une augmentation

Alors que les entreprises doivent publier ce vendredi leur index d'égalité, une étude montre que les femmes font preuve de timidité en matière salariale.

Pour la cinquième année consécutive, les entreprises vont publier leur index de l'égalité professionnelle. La date butoir est fixée à ce vendredi 1er mars.

Ce dispositif, au centre de la politique menée par le gouvernement en matière d'égalité hommes-femmes, est aujourd'hui entré dans les meures et a montré son efficacité. Les entreprises de plus de 250 salariés ont l'obligation de publier leur note globale depuis 2019 et celles de 50 à 250 depuis 2020.

BFM Business avec vous : L'égalité femme-homme, un pilier des stratégies d'entreprise ? - 14/09
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L'an passé, 72% des entreprises se sont soumises à cet exercice parfois complexe, notamment pour les plus petites.

Cette note sur 100 points comprend quatre ou cinq critères (selon la taille): l'écart de rémunération femmes-hommes (40 points), l'écart dans les augmentations annuelles (20 points), l'écart dans les promotions (15 points), les augmentations au retour de congé maternité (15 points) et la part des femmes dans les dix plus gros salaires (10 points).

Des notes publiques qui incitent les entreprises à s'améliorer

Lorsque la note est inférieure à 75, l'entreprise doit prendre des mesures correctives dans les trois ans sous peine de sanctions. En 2023, la note globale était de 88/100 et de 89,7 pour les entreprises de plus 1.000 salariés.

L'obligation d'un tel index et surtout la publication des notes par entreprises sur le site du ministère du Travail incitent les entreprises à améliorer leurs performances. Ne serait-ce que pour une question d'image, pour attirer les talents.

Certains critères sont en effet encore mal notés: comme celui de rattraper des augmentations salariales en cas de congé maternité ou encore d'égalité dans les plus hauts salaires.

L'index est donc un catalyseur mais il ne peut pas être le seul outil d'amélioration de l'égalité professionnelle. Les femmes salariées doivent également faire pression sur leur management pour effacer les décalages qui peuvent exister.

Car en matière de rémunérations, les femmes sont peut-être parfois trop timides. Une étude* d'Indeed le démontre.

Presque une salariée sur deux n'a jamais demandé d'augmentation

Ainsi, 73% des femmes estiment qu'elles ne sont pas assez payées (un record mondial pour Indeed) et 54% qu’elles sont moins payées que leurs collègues masculins au sein de leur entreprise.

Surtout, 46% n’ont jamais demandé une augmentation de salaire au cours de leur carrière! C’est le cas des femmes en poste dans les domaines de la santé (60%), l’enseignement (58%) et le commerce (54%).

Et une salariée française sur 3 ne se sent pas à l’aise pour demander une augmentation.

"Dans le détail, les femmes travaillant dans la construction (59%), l’hôtellerie ainsi que le domaine médical (55% ex æquo) sont celles qui se déclarent le moins à l’aise pour demander une augmentation", peut-on lire.

Et quand elles parviennent à avoir une augmentation, 48% des femmes ne reçoivent pas ce qu’elles ont demandé.

"En 2024, les femmes se sentent toujours lésées en matière de rémunération. À cette perception d’un écart encore bien présent, vient s’ajouter la crise économique française, qui continue d’accentuer les inégalités", analyse Indeed.

Un budget en baisse pour l'égalité

Grande cause du quinquennat, l'égalité hommes-femmes va néanmoins subir les conséquences des importantes économies budgétaires décidées par le gouvernement. Ainsi le budget alloué aux politiques d’égalité va être amputé de 7 millions d'euros.

Pour Hélène Gherbi, entrepreneuse, autrice et conférencière, cette coupe "est particulièrement choquante pour un domaine censé être la grande cause du quinquennat et qui souffre déjà d’un manque criant de financement. Surtout, comparativement au budget initialement alloué (77 millions d’euros) c’est une des baisses les plus notables de l’ordre de -9,1%.

*: L'enquête a été menée par YouGov pour le compte d'Indeed via une enquête en ligne du 14 au 23 novembre 2023. 14.677 femmes ont été interrogées, occupant un emploi à temps plein ou à temps partiel dans 11 pays.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business