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Colère des salariés de France Télécom après un suicide

Environ 300 salariés de France Télécom ont rendu hommage mercredi à Bordeaux à leur collègue qui s'est suicidé mardi en s'immolant par le feu à Mérignac (Gironde)

Environ 300 salariés de France Télécom ont rendu hommage mercredi à Bordeaux à leur collègue qui s'est suicidé mardi en s'immolant par le feu à Mérignac (Gironde) - -

Environ 300 salariés de France Télécom ont rendu hommage mercredi à Bordeaux à leur collègue qui s'est suicidé mardi en s'immolant par le feu à Mérignac (Gironde), relançant les critiques contre l'entreprise.

Une minute de silence a été observée au pied du siège régional de France Télécom par l'ensemble des salariés réunis autour de l'épouse et des quatre enfants du défunt, qui ont refusé d'être photographiés et de s'exprimer.

Ses proches ont demandé à la directrice régionale de France Télécom, Brigitte Audy, de quitter les lieux.

Le salarié âgé de 57 ans s'est donné la mort mardi matin en s'immolant par le feu sur le parking de l'agence "entreprises" de Mérignac, où il travaillait encore il y a trois ans avant d'être déplacé vers le siège de Bordeaux.

Il avait changé de métier et était chargé des conditions de travail, de l'hygiène et de la sécurité.

Ce suicide a provoqué la colère des salariés, tous persuadés qu'il est lié à ses conditions de travail.

"Il y a beaucoup de tristesse aujourd'hui, des gens qui ne comprennent pas trop parce qu'on le côtoyait tous les jours. C'était quelqu'un de très ouvert, de très sociable, qui était toujours à l'écoute des autres", a dit à la presse Florence Bordes, déléguée CFDT chez France Télécom.

Son parcours professionnel à l'intérieur de l'entreprise, à l'époque de l'ancien PDG Didier Lombard qui a cédé sa place depuis à Stéphane Richard, aurait pesé lourd dans son geste alors qu'une vague de suicides au sein du groupe a conduit France Télécom à présenter en septembre dernier un ensemble de mesures visant à améliorer les conditions de travail.

"Ce salarié a été viré de l'agence entreprises de Mérignac, il a fait des petits boulots et a mal vécu cette déclassification. Il y a en a d'autres qui ont essayé de se réinsérer mais qui aujourd'hui sont fracassés", a indiqué Chantal Gourgues, déléguée FO.

MOBILITÉ "MAL ACCEPTÉE"

Selon la CGT, il avait finalement accepté son poste à Bordeaux et ses nouvelles fonctions mais les vivait très mal.

"Ce salarié vivait une mobilité mal acceptée et des témoignages attestent d'une souffrance morale constatée ces dernières semaines", a dit mardi le syndicat dans un communiqué.

"On savait qu'il n'était pas bien ces derniers temps. Il voyait des choses qui se passaient dans l'entreprise et qui auraient dû être abolies depuis la mise en place du nouveau contrat social", a précisé Florence Bordes.

Selon la syndicaliste, le défunt avait envoyé un mail à la direction faisant état de ses remarques, resté sans réponse.

"Malheureusement, il n'a pas eu d'écoute", a-t-elle dit, assurant qu'il avait fait part il y a une dizaine de jours de son intention de quitter le cas échéant l'entreprise dans laquelle il travaillait depuis 30 ans.

La directrice exécutive de France Télécom, Delphine Ernotte, était venue à Mérignac mardi.

"Ce n'est pas le temps d'analyser, ce sera fait en toute transparence avec les partenaires sociaux. Il y aura une enquête qui sera diligentée", a-t-elle assuré lors d'une conférence de presse, affirmant que toute la lumière serait faite.

Elle a reconnu que ce nouveau suicide dans l'entreprise montrait qu'il n'était pas toujours possible de "détecter quelqu'un en période de fébrilité dans une entreprise de 100.000 salariés", mais que ce drame aurait au moins pour effet de renforcer la détermination à "poursuivre dans la voie engagée avec Stéphane Richard".

Par Claude Canellas Edité par Yves Clarisse