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Emploi

A Flamanville, EDF emploie des étrangers, faute de Français

Bouygues Construction justifie l'emploi massif d'ouvriers étrangers sur le chantier de l'EPR par un manque de main d'oeuvre française.

Bouygues Construction justifie l'emploi massif d'ouvriers étrangers sur le chantier de l'EPR par un manque de main d'oeuvre française. - -

A Flamanville, en Basse-Normandie, un tiers des 3.200 ouvriers travaillant à la construction du réacteur EPR sont étrangers. Motif invoqué par les responsables du chantier: pas assez de Français volontaires pour ces travaux pénibles. Les syndicats sont indignés.

La situation peut paraître ubuesque dans un département qui compte plus de 83.000 chômeurs. Lancé en 2007, le gigantesque chantier du futur réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR, emploie un millier d'ouvriers étrangers, sur 3.200 qui y travaillent au total. Ils sont essentiellement roumains, bulgares, italiens, portugais ou espagnols, et effectuent des tâches peu qualifiées et pénibles : ferrailleurs, coffreurs, manutentionnaires.
Et à en croire Bouygues Construction, premier employeur du chantier - dirigé par EDF - c'est précisément là que résiderait la cause de cet emploi massif d'étrangers.

De nombreux postes n'ont pas trouvé preneur

Interrogé par France Soir, un responsable explique : « En 2007, au début du chantier, nous avons organisé un bus de l'emploi avec EDF, l'Apec et l'ANPE. Avec un succès mitigé : seules 300 à 400 personnes ont répondu à l'appel. De nombreux postes n'ont pas trouvé preneur. Pour certains profils, nous nous sommes retrouvés complètement démunis ». Seule solution alors, toujours selon le groupe : se tourner vers une main d'oeuvre extranationale.

« Bouygues a tout fait pour faire venir ses filiales des pays de l’Est »

Jacques Tord, délégué spécial de la CGT à Flamanville conteste ces explications. Il répond ce matin sur RMC que « c’est totalement faux ». Selon lui, « Bouygues a tout fait pour faire venir ces entreprises lui appartenant, notamment des filiales des pays de l’Est, principalement de Roumanie ». Il affirme que « 1800 personnes s’étaient inscrites sur le chantier en 2007, Bouygues n’a recruté qu’à peine 10% » de ces candidats.

« La CGT demande des éclaircissements sur les conditions de travail »

Si les syndicats ne condamnent pas l'emploi étranger en tant que tel, ils s'inquiètent surtout des conditions de travail de ces ouvriers jugées « indignes », avec des salaires qui seraient cinq à six fois inférieurs aux autres. « On demande à EDF d’avoir des éclaircissements sur ces conditions » explique Jacques Tord. « On sait pertinemment que les Roumains, par exemple, sont payés à la tonne avec des horaires dont on a du mal à savoir les amplitudes ».
La CGT compte saisir l'Autorité de sûreté nucléaire, seule habilitée à enquêter sur un chantier de ce type, pour obtenir plus d'explications.