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Union européenne

Rachat de Lagardère par Vivendi: Bruxelles enquête sur une éventuelle prise de contrôle anticipée

S'il s'avère que l'opération a été mise en oeuvre avant ce feu vert, la Commission européenne pourrait infliger à Vivendi une amende.

La Commission européenne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête formelle au sujet d'une éventuelle prise de contrôle anticipée de Lagardère par Vivendi en infraction aux règles de l'UE.

Le 9 juin, la Commission a autorisé Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré, à absorber son ancien rival Lagardère, à condition de céder sa filiale édition et le magazine Gala. S'il s'avère que l'opération a été mise en oeuvre avant ce feu vert, Bruxelles pourrait infliger à Vivendi une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires total.

L'UE "impose aux entreprises de notifier les opérations de dimension européenne et d'attendre notre autorisation avant de les réaliser. En outre, les entreprises doivent respecter les engagements qu'elles nous soumettent, sur la base desquels nous autorisons une opération", a déclaré la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.

Des "concurrents très proches"

"À ce stade, la Commission a recueilli suffisamment d'éléments pour ouvrir une procédure formelle d'examen visant à déterminer si Vivendi a respecté nos procédures", a-t-elle ajouté.

Invitée de BFM Business, le 13 juin, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager était revenue sur la fusion dans le secteur des médias entre Lagardère et Vivendi. Elle avait déjà évoqué l'ouverture d'"une enquête en amont" et une éventuelle sanction si la prise de contrôle s’était faite avant l’accord de Bruxelles.

"Vivendi et Lagardère sont des concurrents très proches. Dans le domaine de l'édition de livres, ils sont présents sur toute la chaîne de valeur, de l'obtention des droits à la distribution en passant par l'impression. Et quand vous êtes si proches et que vous voulez fusionner... il y a un problème de concurrence", avait-elle affirmé dans la Grande interview d’Hedwige Chevrillon.

"Une emprise croissante de Vincent Bolloré"

Une porte-parole de l'exécutif européen avait déjà annoncé mi-juin qu'elle examinait une éventuelle violation des règles, mais les soupçons font désormais l'objet d'une enquête formelle. C'est l'ONG Reporters sans frontières (RSF) notamment qui avait réclamé une telle enquête.

"Compte tenu des nombreux signaux attestant d'une emprise croissante de Vincent Bolloré sur les médias du groupe Lagardère avant même la validation du rachat, il est étonnant qu'une enquête pour prise de contrôle anticipée n'ait pas été lancée plus tôt", avait alors estimé le secrétaire général de RSF Christophe Deloire.

L'ONG avait pointé du doigt "les changements importants intervenus notamment dans les rédactions du Journal du Dimanche (JDD) et de manière plus prégnante encore à Paris Match".

Nina Le Clerre avec AFP