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Union européenne

Bulgarie, Roumanie, Pologne… après la Croatie, qui seront les prochains pays à adopter l'euro ?

La Croatie rejoindra la zone euro le 1er janvier prochain. Les autres pays qui n'ont pas encore adopté l'euro peinent à remplir les critères nécessaires ou traînent des pieds pour retarder l'échéance.

Huit ans après les Lituaniens, les Croates adoptent l'euro à leur tour. Le 1er janvier prochain, la Croatie abandonnera sa monnaie nationale, la kuna, pour adopter la monnaie commune. Le petit pays de 3,9 millions d'habitants sera le vingtième à rejoindre la zone euro. Sur les futures pièces croates s'afficheront la carte du pays, une martre ou encore l'ingénieur Nikola Tesla. Pour l'ex-république yougoslave, l'une des plus faibles économies de l'Union européenne, c'est un grand pas en avant… sans être une véritable révolution pour autant.

Car la Croatie est déjà étroitement attachée à la monnaie unique. Les Croates, méfiants vis-à-vis de la kuna en raison de l'instabilité économique qu'a connu le pays dans les années 1990, utilisent depuis longtemps l'euro comme devise de référence – avant lui, c'était le deutschemark. La plupart des dépôts bancaires sont déjà libellés en euros, de même pour les gros achats comme les biens immobiliers ou les voitures. Par ailleurs, l'euro est courant dans un pays où le tourisme, qui pèse 20% du PIB, est alimentée par une clientèle essentiellement européenne.

La Bulgarie en 2024?

La Croatie s'apprêtant à passer à l'euro, on compte désormais sept pays membres de l'UE encore en-dehors de la zone euro. Mais les Croates risquent bien d'être les derniers à adopter la monnaie unique avant longtemps: certains pays européens sont loin de remplir les critères nécessaires et d'autres traînent volontairement des pieds pour retarder autant que possible l'échéance. En entrant dans l'Union européenne, le nouvel État membre accepte d'adopter à terme la monnaie unique – c'est la condition sine qua non pour l'adhésion.

Pour rejoindre la zone euro, quatre critères doivent être respectés: un taux d'inflation qui ne dépasse pas de plus de 1,5 % celui des trois États membres présentant les meilleurs résultats, un déficit public inférieur à 3% du PIB et une dette inférieure à 60% du PIB, un taux d'intérêt à long terme proche de celui des trois États membres présentant les meilleurs résultats en termes de stabilité des prix ainsi que la participation pendant au moins deux ans au mécanisme de change européen (MCE II).

La Bulgarie mise sur 2024, mais l'échéance semble incertaine. Comme la Croatie, le pays participe pourtant depuis juillet 2020 au MCE II, l'antichambre de la zone euro. Mais Bruxelles n'a toujours pas donné son feu vert définitif, estimant que la Bulgarie ne remplissait pas suffisamment les conditions nécessaires. Bien qu'elle espérait rejoindre rapidement la zone euro, la Roumanie voisine n'a, elle, cessé de reporter son objectif d'adhésion, faute de pouvoir répondre aux critères réclamés. Le pays, qui ne participe toujours pas au MCE II, mise désormais sur 2029.

"Opting out" danois

Du côté de l'Europe centrale, l'heure n'est pas du tout à la monnaie unique. La République tchèque rechigne à abandonner sa monnaie nationale: le gouvernement conservateur assurait encore en novembre dernier que l'adoption de l'euro "n'était pas d'actualité", ne donnant aucune date potentielle. La situation est similaire en Pologne et en Hongrie, gouvernées par des partis eurosceptiques qui freinent le passage à l'euro et refusent de donner une date potentielle d'entrée dans la zone euro, bien que les populations s'y déclarent favorables.

Le Danemark, membre de l'Union européenne depuis 1973, n'a toujours pas abandonné la couronne danoise. Le pays scandinave a obtenu un "opting out", c'est-à-dire une exception qui l'exclut de l'obligation à adopter l'euro. Et Copenhague ne devrait pas y renoncer de sitôt, les Danois y étant défavorables. La Suède, membre de l'UE depuis 1995, a également conservé la couronne suédoise: le pays remplit l'ensemble des critères nécessaires, mais refuse volontairement de participer au MCE II pour bloquer son entrée dans la zone euro.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV