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Union européenne

Assistants parlementaires: l'Europe réclame 339.000 euros à Marine Le Pen

L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) soupçonne Marine Le Pen d'avoir fait passer deux salariés du Front national pour des assistants parlementaires. L'organisme réclame la somme de 339.000 euros à l'eurodéputée frontiste, une somme correspondant aux salaires versés entre 2010 et 2016 par les institutions européennes à ces deux personnes.

Nouveau volet, dans l'affaire des assistants parlementaires frontistes soupçonnés de fraude au Parlement européen. Une enquête menée par Mediapart et Marianne révèle ce lundi que l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) réclame la somme de 339.000 euros à Marine Le Pen.

Dans le cadre de ses fonctions à Strasbourg et Bruxelles, l'eurodéputée est soupçonnée d'avoir fait passer deux salariés du Front national, Catherine Griset et Thierry Légier, pour des assistants parlementaires. Deux postes pour lesquels le contribuable européen a dépensé 339.000 euros. Soit les salaires versés à ces deux personnes entre 2010 et 2016, durant l'ancien et l'actuel mandats européens de la présidente du Front national.

Cette somme aurait été "indûment verséé", selon l'OLAF, qui s'appuie sur l'article 33 des mesures d'application du statut des eurodéputés, précise Mediapart. Celui-ci prévoit que les fonds alloués à l'emploi des assistants doivent correspondre à une activité "directement liée à l'exercice du mandat parlementaire des députés". Ces assistants ne peuvent donc pas être rémunérés pour leur travail eu sein d'un parti. 

Marine Le Pen n'a pas fourni de justification

En juillet et en septembre, Marine Le Pen a reçu deux courriers à ce sujet. Le premier venant de l'OLAF, le second signé du secrétaire général du Parlement européen, qui lui demande des explications. Des explications que l'eurodéputée n'a pas encore fournies. D'après Marianne, elle "bénéficie de quelques jours encore pour transmettre des justifications. Dans le cas contraire, elle sera contrainte de régler la douloureuse."

Cette procédure de recouvrement a été lancée en août, réclamée au Parlement européen par l'OLAF contre Marine Le Pen. Au volet administratif de de cette affaire s'ajoute un volet judiciaire, dans les mains de la France. La justice française enquête en effet depuis mars 2015 sur les salaires versés à une vingtaine d'assistants parlementaires travaillant pour les 24 députés frontistes au Parlement européen.

Enquête du parquet de Paris

C'est Martin Schultz qui saisit l'OLAF en 2015, s'étonnant qu'un certain nombre d'assistants frontistes aient en parallèle un titre dans l'organigramme officiel du parti d'extrême-droite. Il saisit ensuite la justice française, par le biais de la garde des Sceaux de l'époque, Christiane Taubira.

Dans sa lettre, citée par Mediapart, Martin Schulz évoque "une possible utilisation frauduleuse de fonds européens", et des "salaires versés à des assistants qui ne compenseraient pas un travail effectif pour le Parlement et pourraient financer de façon indue les activités d'un parti politique."

Garde du corps et assistant local

L'enquête ouverte par le parquet de Paris portait au départ sur des faits survenus pendant la mandat actuel de Marine Le Pen, débuté en 2014. Mais en août dernier, les investigations ont été élargies à la période 2010-2016, qui recouvre l'actuel mandat et le précédent, après la publication d'un rapport d'enquête administrative" transmis par l'OLAF à Paris.

Dans le détail de la somme réclamée à Marine Le Pen, "quelques dizaines de milliers d'euros alloués par Bruxelles correspondraient à la rétribution de Thierry Légier, embauché comme assistant local de la présidente du parti d’extrême droite pendant quelques mois à la fin de l'année 2011", note Marianne.

Cheffe de cabinet à Nanterre et assistante à Bruxelles

L'autre partie de la somme, soit la quasi-totalité, vient du salaire versé à Catherine Griset. "Cette vieille amie, par ailleurs ex belle-sœur de l’eurodéputée, était chargée entre 2010 et 2016" d'assister Marine Le Pen "dans l’exercice de son mandat à Bruxelles et Strasbourg", selon un contrat à temps plein, poursuit le magazine. 

Problème, Catherine Griset gérait également le secrétariat de Marine Le Pen, avant d'être promus cheffe de son cabinet au siège du parti, à Nanterre, en février 2015. "Son nom figurait encore en fin de semaine dernière sur la fiche officielle de Marine Le Pen au Parlement. Il a disparu depuis", souligne Marianne.

Une conférence de presse annoncée

Thierry Légier lui, aurait fait encore plus fort, cumulant son statut d'assistant local de l'eurodéputée pendant quelques mois, en 2011, avec son rôle de garde du corps de la présidente du Front national. Comme assistant local, il aurait dû tenir la permanence de Marine Le Pen dans sa circonscription d'élection, soit Hénin-Beaumont. Comme garde du corps, il la suivait en fait dans tous ses déplacements. 

L'avocat de Marine Le Pen, Marcel Ceccaldi, qui réfute ces accusations, prépare déjà sa contre-attaque et présentera deux référés, précise Mediapart, contre le secrétariat général du Parlement européen et contre l'OLAF. Il annonce également la tenue d'une conférence de presse à Bruxelles dans les quinze prochains jours. 

Au sein de l'actuel et de l'ancien Front national, Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen font eux aussi l'objet d'une demande de recouvrement de la part du Parlement européen, pour des faits similaires à ceux qui sont reprochés à Marine Le Pen.
Charlie Vandekerkhove