BFM Business
Union européenne

+20% en mai: les pays baltes face à une inflation alarmante

Très exposées à la crise énergétique, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie subissent une hausse des prix impressionnante en mai. Certaines entreprises de transport tirent la sonnette d'alarme.

Tous les Européens ne vivent pas l'inflation de la même manière. Si la France affiche une hausse des prix de 5,2% en mai (sur un an), d'autres pays affichent des taux bien supérieurs. Et le record en la matière se trouve du côté des pays baltes, selon les dernières statistiques publiées par Eurostat.

En tête, l'Estonie avec une inflation impressionnante de 20,1% sur un an en mai, suivie de la Lituanie (18,5%) et de la Lettonie (16,4%). En réalité, les chiffres ont commencé à déraper en décembre dernier alors que l'imminence d'une invasion russe de l'Ukraine se précisait.

Car c'est la bien la situation en Europe de l'est qui affole les compteurs avec un coût de l'énergie qui a explosé. Très hostiles à Moscou, les pays baltes ont cherché très vite à couper les ponts avec l'encombrant voisin russe.

Le très coûteux GNL

C'est principalement la question de l'énergie qui est responsable de cette inflation record car le pétrole et le gaz russe étaient importants dans leur mix énergétique. Le 1er avril dernier, les trois capitales ont annoncé mettre fin aux importations de gaz russe. Ce dernier représentait en 2020 tout le gaz naturel importé en Lettonie, pratiquement la totalité (93%) du gaz estonien et 42% du gaz lituanien.

Pour cela, les Etats baltes peuvent s'appuyer sur le terminal flottant de Klaipeda en Lituanie qui permet d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL). Une source d'approvisionnement alternative bien plus chère car de nombreux pays ont aussi choisi cette voie en prévision d'un embargo sur le gaz russe.

La situation se répercute aussi les matières premières – comme le blé – dont les prix de marché ont flambé, là encore en raison de la guerre.

Hausse des taux

Et cette inflation délirante commence à inquiéter certaines entreprises. En Estonie, cinq compagnies de bus ont appelé à renégocier les contrats publics alors que les prix du carburant effacent toute leur rentabilité.

Mais les Etats baltes n'ont pas les moyens d'un vaste bouclier tarifaire, comme c'est le cas en France. C'est le message de la Première ministre estonienne Kaja Kallas la semaine dernière qui réfléchit désormais à des mesures ciblées pour ceux qui en ont le plus besoin.

La situation alarmante dans les Etats baltes devraient finir de convaincre la Banque centrale européenne (BCE) de relever sous peu les taux directeurs. Ce mardi, le gouverneur de la Banque de France Villeroy de de Galhau a confirmé une remontée des taux "ordonnée et bien gérée" sans donner de calendrier.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business