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Retraite progressive et cumul emploi retraite: ce que change la réforme voulue par le gouvernement

Le projet soumis au parlement prévoit une évolution des conditions d'accès à ces dispositifs permettant, pour le premier, de réduire son temps de travail à l'approche de la retraite et, pour le second, de compléter sa pension en travaillant.

Moins de 25.000 salariés bénéficient aujourd'hui de ce qu'on appelle la retraite progressive, un dispositif permettant, notamment, d'amoindrir le choc psychologique du passage d'une activité salariale très chronophage à l'absence totale d'obligation professionnelle que confère une retraite pleine et entière.

Le dispositif dit de retraite progressive permet en effet à un salarié proche de l’âge auquel il est en droit de mettre un terme à sa carrière de demander à son employeur de ne plus travailler à temps complet (par exemple s'il souhaite disposer toute l'année d'un week-end de quatre jours ou de toutes ses après-midis) tout en commençant à percevoir une partie de sa pension de retraite.

Ainsi un salarié qui passerait à mi-temps ne touchera plus que la moitié de son salaire mais percevra par ailleurs la moitié de sa pension de retraite calculée sur la base de ce qu’il a déjà cotisé. Et, évidemment, tant qu’il travaillera à temps partiel il cumulera des trimestres et des points de retraite complémentaire qui feront grossir le niveau de la pension complète dont il bénéficiera quand il arrêtera totalement de travailler.

Les employeurs devront justifier leur refus

Dans le projet présenté au Parlement, ce dispositif est amené à évoluer sur deux plans. D’abord, l’âge à partir duquel un salarié pourra demander à en bénéficier. C’était au plus tôt à 60 ans, ce sera deux années avant l’âge légal, donc cela dépendra de la date de naissance du demandeur. Autrement dit, il faudra patienter plus longtemps pour profiter de cette retraite progressive.

En revanche, le gouvernement a prévu une disposition qui devrait permettre à davantage de salariés d’en bénéficier, puisque aujourd’hui un accord explicite de l’employeur est nécessaire pour bénéficier de cette retraite progressive alors qu’avec la réforme, si après avoir fait sa demande, l’entreprise ne lui répond pas ou ne justifie pas son refus et ne lui explique pas pourquoi son activité est incompatible avec un temps partiel, cette retraite progressive lui sera automatiquement accordée.

Travailler une fois à la retraite permettra de faire grossir sa pension

Autre nouveauté prévue par la réforme: les fonctionnaires auront, eux-aussi, le droit de demander à bénéficier de ce dispositif. Le projet présenté au parlement prévoit aussi des changements pour les retraités qui continuent de travailler. Avec une nouveauté majeure pour ce cumul emploi-retraite.

Nouveauté ou plutôt retour à la règle qui prévalait en 2015, à savoir qu’un retraité qui travaille voit le niveau de sa pension augmenter. Car aujourd’hui son salaire est soumis à cotisation mais les sommes versées à l'assurance-vieillesse ou à l'Agirc-Arrco n'ont aucun effet sur sa propre retraite. Avec la réforme, un nouveau calcul sera effectué lorsqu’il s’arrêtera de travailler et les trimestres et les points de retraite complémentaire seront pris en compte, augmentant le niveau de sa pension à partir du moment où il perdra le bénéfice de son salaire.

Le dispositif sera donc plus juste et plus incitatif. Mais comme le but de la réforme est aussi d’augmenter l’âge effectif de départ à la retraite, il y aura probablement moins de retraités en mesure de continuer à travailler et, dans tous les cas, ce sera pour une période potentiellement plus courte.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco