Croissance contre modernité: que retenir du grand oral des candidats à la présidence du Medef?

Dominique Carlac'h et Patrick Martin, candidats à la présidence du Medef, ont passé leur grand oral ce mardi. Ils ont présenté leur programme et répondu aux questions des électeurs.

Étudiants et chefs d'entreprise, même combat. Alors que les lycéens de terminale se préparent pour le grand oral du bac, du 19 au 30 juin, les deux derniers candidats en lice pour la présidence du Medef ont, eux, déjà passé l'exercice, ce mardi.

Réunis autour de l'actuel président Geoffroy Roux de Bézieux, dans le cadre original de la Cinémathèque Française, à Paris, Dominique Carlac'h et Patrick Martin ont eu 45 minutes chacun pour présenter les grandes lignes de leur programme et répondre aux questions des 1100 futurs électeurs, qui ont, pour la plupart, suivi ce grand oral à distance.

Dominique Carlac'h, candidate du changement et de la modernité

Après tirage au sort, c'est Dominique Carlac'h qui s'est exprimée la première. L'actuelle porte-parole du Medef a tenté de se démarquer en se posant en candidate du changement et de la modernité, par opposition à un Medef qu'elle juge trop conservateur. "C'est maintenant que j'ai envie d'être utile, parce que je suis prête", a-t-elle affirmé, ajoutant avoir pour elle "l'expérience, les idées nouvelles, l'incarnation".

Alors que Patrick Martin a fait de la croissance le maître mot de son discours, elle a tenté de le ringardiser en expliquant que la croissance, les baisses de charges ou encore la simplification administrative étaient une évidence.

"On ne peut pas rester prisonniers du logiciel 2018 face aux enjeux de 2023" car "de nouveaux sujets sont apparus depuis cinq ans", après la crise sanitaire et avec la guerre en Ukraine, selon la candidate.

La candidate a donc insisté sur d'autres sujets comme l'organisation du travail. Selon elle, le Medef ne peut pas faire l'impasse sur ces questions. Plus largement, Dominique Carlac'h a souligné que le Medef risquait de se faire marginaliser s'il restait trop conservateur. "Le Medef doit élargir sa base et être l'organisation de tous les entrepreneurs s’il ne veut pas laisser trop de terrain à la CPME", insiste son entourage.

Patrick Martin s'appuie sur son bilan

Second candidat à s'exprimer sur la scène de la grande salle Henri Langlois de la Cinémathèque, Patrick Martin s'est, lui, raccroché au bilan du Medef ces cinq dernières années, alors qu'il en était numéro 2: baisse des impôts de production, mise en place du PGE ou encore aides à l'apprentissage qu'il a lui-même négociées, "à l'arrache", dit-il, avant que Muriel Pénicaud ne quitte le ministère du Travail.

"Nous pouvons nous honorer collectivement du travail qui a été fait", s'est-il félicité.

Le vice-président délégué de l'organisation patronale, 63 ans, a une nouvelle fois insisté sur la croissance, la clé pour retrouver des marges de manœuvre et apporter des réponses sur tous les autres sujets: climat, emploi ou encore pouvoir d’achat… "Cela peut paraître une évidence mais non, ce sujet ne fait plus l'unanimité", a lancé Patrick Martin.

Débat public le 26 juin sur BFM Business

Dans la salle et en visoconférence, les 1100 électeurs (les adhérents du Medef), ont eu le temps d'écouter les arguments des deux candidats et, pour ceux qui hésitaient encore, de peut-être faire un choix en vue de l'élection qui aura lieu le 6 juillet.

Mais certains ont déjà fait leur choix. Dernièrement, plusieurs grands patrons sont ainsi sortis du bois pour soutenir Dominique Carlac'h, à commencer par Jean-Dominique Sénard chez Renault, Christel Heydemann chez Orange ou encore le président de la Fédération de l'hospitalisation privée.

Pas sûr que cela suffise à inverser la tendance face à Patrick Martin, qui a, lui, le soutien de poids lourds comme l'UIMM (la fédération de la métallurgie) ou encore du président de la Fédération du bâtiment, et fait toujours figure de favori dans cette élection.

Dominique Carlac'h et Patrick Martin, candidats à la présidence du Medef, débattront en direct sur BFM Business le lundi 26 juin. © BFM Business

Les derniers indécis, et le grand public, auront une dernière occasion de se faire une idée sur les deux candidats lors d'un débat organisé sur l'antenne de BFM Business le 26 juin de 18h à 20h.

Par Caroline Morisseau, avec C.L.