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Réforme des retraites: Elisabeth Borne affirme qu'elle "va bouger" sur le sujet des carrières longues

La Première ministre affirme "avoir entendu la demande" des Républicains visant à limiter à 43 ans la durée de cotisation de ceux ayant commencé à travailler avant 21 ans. Elle espère ainsi obtenir un accord sur la réforme, dont l'examen débute ce lundi à l'Assemblée.

Le gouvernement va-t-il faire un pas vers les Républicains pour obtenir leur soutien sur la réforme des retraites? A la veille de l’examen du texte controversé dans l’hémicycle, la Première ministre livre au Journal du dimanche les concessions qu'elle est prête à faire, sous la pression de la droite. Le point d'orgue: le sort réservé aux carrières longues.

A ce stade, la réforme gouvernementale prévoit de porter l'âge de départ de 62 à 64 ans, avec un allongement progressif de la durée de cotisation à 43 ans. Mais un "trou dans la raquette" du dispositif "carrières longues" risque d'obliger les salariés ayant commencé entre 20 et 21 ans à cotiser 44 années. Pour rétablir "l'équilibre", le groupe LR a donc déposé des amendements donnant la primeur à la durée de cotisation sur l'âge de départ en retraite pour ceux qui ont commencé à travailler tôt. "Ainsi, personne ne devra cotiser plus de 43 années", soutient le chef de file, Eric Ciotti.

Une demande "entendue" par le gouvernement

La prise en compte de cet amendement est la condition sine qua non pour que le gouvernement "emporte une très large majorité" chez LR, martèle-t-il dans une interview au Parisien. C'est "une question centrale qui déterminera en grande partie mon vote", a confirmé vendredi sur BFMTV le député du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger. Vice-président exécutif de LR, Aurélien Pradié a également promis de voter la réforme si les amendements de son parti étaient repris "à la virgule près".

Les arguments des Républicains semblent avoir eu raison de la Première ministre. Dans les colonnes du JDD, Elisabeth Borne répond avoir "entendu leur demande" visant à limiter à 43 ans la durée de cotisation de ceux ayant commencé à travailler avant 21 ans.

"Nous allons bouger en étendant ce dispositif de carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Ils pourront ainsi partir à 63 ans, conformément aux règles prévues par le dispositif. Vous le voyez, nous entendons leur demande", explique-t-elle.

Et d'ajouter: "Sur ce projet de loi, comme sur les autres, nous cherchons des accords au-delà de la majorité", écartant ainsi le recours à l'article 49.3.

A une autre demande des LR, également portée par le groupe MoDem, la Première ministre n'a "pas d'objection": il s'agirait de faire "un bilan d'étape à mi-parcours de la réforme", en 2027. Cette année-là, "il y a une élection présidentielle et des élections législatives", ce qui "est déjà une forme de clause de revoyure", note-t-elle.

"Assurer l'avenir de notre système"

Alors que les citoyens organisent leur fronde contre cette réforme, avec de nouvelles journées de mobilisation les 7 et 11 février, Elisabeth Borne demande "un effort collectif aux Français. Je comprends que cela suscite des réactions, des réticences et des inquiétudes", admet la Première ministre.

"Mais notre objectif est d’assurer l’avenir de notre système de retraite par répartition. C’est une question de solidarité entre les Français, entre les générations, pour sauver l’un des piliers de notre modèle social", insiste-t-elle.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV