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L'Américaine Claudia Goldin fait figure de favorite pour le prix Nobel d'économie

Professeur à Harvard, la spécialiste du travail et de l'histoire économique pourrait devenir la troisième femme à être récompensée dans l'histoire du prix.

Benjamin des Nobel, le prix d'économie clôt lundi la saison des célèbres récompenses, avec des spécialistes du travail, de la pauvreté ou encore de l'altruisme cités parmi les possibles lauréats, au moment où une récession mondiale guette. L'Américaine Claudia Goldin, professeur à Harvard et spécialiste du travail et de l'histoire économique, fait figure de chouchou pour obtenir la récompense, annoncée à 11H45 (09H45 GMT) à Stockholm.

Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, ce prix créé par la Banque centrale suédoise "à la mémoire" de l'inventeur s'est ajouté en 1969 aux cinq traditionnelles récompenses (médecine, physique, chimie, littérature et paix), lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de "faux Nobel".

Seulement deux lauréates dans l'histoire du prix d'économie

Sur fond de vague inflationniste mondiale et de crise de l'énergie en Europe, le comité Nobel devrait délaisser les spécialistes des politiques monétaires, affirme Hubert Fromlet, professeur à l'université suédoise Linné. "La politique monétaire a tellement échoué, et il n'y a aucun bon théoricien qui ait vu juste, pour ainsi dire", dit l'universitaire, qui tient une liste de nobélisables en économie. Comme d'autres, il considère Claudia Goldin, dont le nom circule depuis plusieurs années, comme favorite d'un prix qui n'a sacré jusqu'ici que deux femmes sur un total de 89 lauréats.

C'est une historienne, c'est une économiste du travail, elle a étudié les femmes sur le marché du travail, les écarts de salaires entre hommes et femmes, mais aussi sur la valeur de l'éducation en matière économique. Elle a fait beaucoup", abonde David Pendlebury, prévisionniste des Nobel au sein de l'institut Clarivate.

L'Américaine Elinor Ostrom (2009) et la Franco-Américaine Esther Duflo (2019) sont pour l'heure les seules femmes à avoir décroché la récompense. "Je serais presque déçu si aucune femme ne fait partie des lauréates", affirme Hubert Fromlet. Le nom d'une autre économiste du travail, la Belge Marianne Bertrand, est également évoqué, ainsi que l'Américano-Canadienne Janet Currie, spécialiste des politiques anti-pauvreté ou bien l'Américaine Anne Krueger, ancienne de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

L'économie du développement en vogue

Selon David Pendlebury, un colauréat pertinent du prix avec Claudia Goldin serait le Britannique Richard Blundell, un autre spécialiste du travail mais d'un point de vue économique. L'expert cite également les octogénaires américains Sam Bowles et Herbert Gintis, deux spécialistes de la coopération altruiste dont les travaux contrastent avec les principes de l'individualisme de la théorie classique.

Au début de leur carrière, des gens disaient qu'ils étaient communistes", note David Pendlebury. "Ils ne sont pas vraiment communistes (...) Ils ont juste une perspective différente, ce serait un prix très intéressant".

De quoi faire concurrence au Français Thomas Piketty, auteur du best-seller international "Le Capital au XXIe siècle" et spécialistes des inégalités de richesse, souvent évoqué ces dernières années.

L'économie du développement et ses travaux sur les pays pauvres feraient également un bon choix, selon Hubert Fromlet. L'an dernier, l'Américano-Canadien David Card, l'Américano-Israélien Joshua Angrist et l'Américano-Néerlandais Guido Imbe avaient été sacrés pour leurs travaux en économie expérimentale.

TT avec AFP