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"Moins cher l'hiver, plus cher l'été": Toulouse veut mettre en place une "tarification saisonnière" de l'eau

À l'occasion de la COP Occitanie, le maire de la Ville rose et président de la métropole toulousaine, Jean-Luc Moudenc, a plaidé pour cette alternative à la tarification progressive qu'évoquait Emmanuel Macron lors de la présentation du "Plan eau" en mars dernier.

Les Toulousains devraient être confrontés à une hausse du prix de leur eau en juin, du moins provisoirement. Jeudi dernier, le maire de la Ville Rose et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, a inauguré la COP Occitanie par une annonce forte sur le prochain système de tarification de l'eau qui pourrait être instauré localement. Moins de neuf mois après la présentation du "Plan eau" du gouvernement, l'édile toulousain s'est positionné en faveur d'une "tarification saisonnière" de l'eau.

Concrètement, ce mode de tarification consisterait à majorer le prix de l'eau pendant la période de l'année où la ressource est la plus demandée et manque le plus, entre juin et octobre. En contrepartie, les consommateurs bénéficieraient d'un rabais sur le prix de l'eau le reste de l'année, quand la tension sur la ressource est moindre. "Sans impacter la facture payée sur toute l’année par les usagers, il s'agit de moduler le prix pour inciter à une consommation adaptée à la saison et préserver la ressource: moins cher l’hiver, quand l’eau ne manque pas, plus cher au plus fort de l’été quand l’eau devient rare", expliquait Jean-Luc Moudenc sur son compte X (ex-Twitter) le 30 novembre.

Quels sont les avantages de la tarification progressive de l'eau ?
Quels sont les avantages de la tarification progressive de l'eau ?
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Un dispositif "plus juste" que la tarification progressive

L'édile s'appuie notamment sur une récente recommandation du Conseil économique, social et environnemental. La veille de l'ouverture de la COP Occitanie, le Cese a formulé neuf préconisations "pour une sobriété des usages et un accès équitable à une eau potable de qualité". Parmi celles-ci, la promotion de la mise en place d'une tarification saisonnière "dans l'ensemble des communes où l'équilibre entre la ressource et la consommation d'eau est menacé de façon saisonnière (y compris dans celles sans activité touristique) comme le permet la loi LEMA de 2003."

Le Conseil dresse un bilan mitigé de la tarification progressive de l'eau, piste favorisée par l'exécutif dans le cadre du "Plan eau" de mars dernier et qui consiste en une hausse du tarif au mètre cube à mesure que la consommation augmente, ce qui pénaliserait les familles nombreuses. "Notre métropole compte près de 70 % d’habitat collectif, ce qui rend caduque l’idée d’une simple tarification progressive, estime Robert Médina, président d'Eau Toulouse Métropole, auprès de La Dépèche. Car dans les immeubles, il y a une seule arrivée d’eau et une facturation commune partagée. On ne pourrait donc pas la détailler et tout le monde subirait la hausse du prix de l’eau. Ce n’est pas équitable. Je note d’ailleurs que la ville de Montpellier a renoncé à ce dispositif."

Pas de hausse des factures au final

Alors que la tarification saisonnière ne fait pas l'unanimité parmi les différentes forces politiques locales, ses défenseurs tiennent à assurer que son instauration ne se traduirait pas par une augmentation de la facture des quelque 800.000 habitants de la métropole toulousaine. "Nous avons imaginé un système qui ne pénalise personne, basé sur une augmentation de 40 % des tarifs lors de la période d’étiage de la Garonne, soit pendant 5 mois, de début juin à fin octobre, et une baisse des prix de 30 % sur les 7 autres mois de l’année", détaille Robert Médina.

"Seuls les usagers qui consomment le plus d’eau l’été pour arroser leur jardin, remplir leur piscine ou laver leur voiture payeront leur surconsommation au tarif le plus haut."

La mise en place de cette nouvelle tarification pourrait survenir dès l'année prochaine. Des pourparlers ont déjà lieu avec Suez et Véolia à ce sujet et le dispositif sera expliqué au Conseil de Métropole dans trois jours. Puis des tests auront lieu en début d'année sur des consommateurs avant une mise en place définitive souhaitée lors de la période d'étiage qui commence en juin prochain.

Timothée Talbi