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Economie et Social

La consommation retrouve des couleurs en France

La consommation des ménages

La consommation des ménages - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Après des mois d'inertie, la consommation des ménages français a progressé de 0,4% en mai, notamment grâce à la hausse des dépenses d'énergie et des biens fabriqués.

Dépenses en hausse, moral qui s'améliore... Doucement mais sûrement, la consommation retrouve des couleurs en France, portée par l'augmentation du pouvoir d'achat. Une situation de bon augure pour la croissance, freinée ces derniers mois par un taux d'épargne très élevé. Fini l'attentisme observé chez les ménages tricolores depuis le début du mouvement des "gilets jaunes"? Cette semaine, plusieurs indicateurs économiques sont venus témoigner d'un redémarrage de la consommation, attendu avec impatience par les économistes. 

En mai, les dépenses des ménages en biens ont ainsi progressé de 0,4%, après avoir déjà rebondi de 0,3% lors du mois précédent, selon l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee). Ce redressement s'explique en partie par la consommation d'énergie, qui a grimpé de 0,6%. Mais il est également lié au rebond des achats de biens fabriqués (+0,6 %), observé aussi bien dans le secteur des "biens durables" que dans l'"habillement-textile", d'après l'organisme public.

La confiance des ménages en hausse

"Ce rebond n'est pas massif", d'autant qu'il s'appuie sur une révision à la baisse du chiffre du mois d'avril, initialement estimé à +0,8%. "Mais la tendance est néanmoins positive", souligne Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. Une tendance d'autant plus "positive" que les perspectives pour le mois de juin sont bien orientées: l'indice de confiance des ménages a ainsi continué de progresser en juin, dépassant sa moyenne de longue période pour la première fois depuis avril 2018, selon l'Insee.

L'indicateur, calculé chaque mois sur la base de soldes d'opinion, et considéré comme un élément important pour évaluer le niveau à venir de la consommation, s'est établi à 101 points contre 99 points en mai. Le "moral des ménages" avait atteint en décembre son plus bas niveau depuis 2014 (87 points), en pleine crise des "gilets jaunes". Ce plongeon avait été perçu comme une illustration du mouvement de défiance venu bouleverser la société française et la politique du gouvernement.

Pic du taux d'épargne 

Cette vague de pessimisme a-t-elle complètement reflué? "A ce stade, on revient tout juste au-dessus de la moyenne de long terme, on n'est donc pas dans une situation de franc optimisme. Mais par rapport à décembre, le rebond est évident", observe Hélène Baudchon.

À l'origine de ce changement de tendance: la hausse du pouvoir d'achat, alimentée par les baisses d'impôts annoncées au début du quinquennat (taxe d'habitation, suppression des cotisations salariales...) mais aussi des mesures d'urgence votées sous la pression des gilets jaunes. Selon la Banque de France, le pouvoir d'achat par habitant devrait progresser de 2,1% cette année, soit sa plus forte croissance depuis 2007. Un chiffre repris à son compte par le gouvernement, qui anticipe une nouvelle hausse en 2020, de l'ordre de 1,4%.

Le revenu disponible des ménages "est en nette hausse depuis fin 2018", mais "jusqu'à présent, cela ne s'était pas vraiment traduit sur les chiffres de la consommation", rappelle Alexandre Mirlicourtois, économiste chez Xerfi, qui met en avant la "prudence" des consommateurs.

Des gains de pouvoir d'achat consommés lentement

Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque de France a reconnu que "les gains de pouvoir d'achat" avaient "été consommés plus lentement qu'escompté": sur les 8,5 milliards d'euros rendus aux ménages entre fin 2018 et début 2019, les deux tiers ont été orientés vers l'épargne. Mais ce phénomène "devrait se résorber", après un pic du taux d'épargne (15,3%) atteint en cours d'année 2019, a souligné Olivier Garnier, directeur général des études au sein de la banque centrale française.

Une bonne nouvelle pour l'économie française, dans un contexte de ralentissement généralisé de l'activité mondiale, lié principalement aux conflits commerciaux déclenchés par l'administration Trump.

Cette reprise de la consommation sera-t-elle durable et quelle sera son ampleur? "Pour l'instant, la dynamique reste timide", souligne Hélène Baudchon. "Le vrai rebond finira bien par arriver, mais la question de sa portée reste posée". Un avis partagé par Alexandre Mirlicourtois: "Pour l'instant, on assiste aux prémices du mouvement: le premier étage de la fusée semble parti, mais on n'est pas encore dans un contexte de décollage puissant".

Paul Louis avec AFP