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Un rapport pointe les défauts de maintenance sur le réseau ferré français

Une courte majorité de Français veut que le gouvernement aille au bout de la réforme SNCF

Une courte majorité de Français veut que le gouvernement aille au bout de la réforme SNCF - GERARD JULIEN / AFP

Selon un rapport de l'Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) dévoilé par Le Parisien, de nombreuses anomalies sur le réseau ferré ne sont pas réparées dans les délais par la SNCF. D'autres n'auraient même pas été repérées par la compagnie ferroviaire.

C’est un bilan qui laisse à désirer pour la SNCF. Selon un rapport de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) révélé par nos confères du Parisien, les problèmes de maintenance sur les rails et la signalisation électrique seraient encore nombreux sur le réseau ferré français.

Dans le document, l’autorité chargée de la sécurité ferroviaire -qui a envoyé dix enquêteurs réaliser neuf opérations de contrôle dans la zone Atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie)- déplore "un écart majeur sur le niveau de maîtrise du processus de maintenance de l’infrastructure". Elle s’inquiète en particulier des retards de réparations d’anomalies qui pourraient avoir un impact sur la sécurité.

Ainsi, sur les 413 anomalies de signalisation électrique déjà recensées par la SNCF, 80 ont été résolues en dehors des délais réglementaires tandis qu’une trentaine n’a pas encore été réparée. Un câble électrique défectueux a également été repéré par les équipes de l’EPSF sur la ligne Le Dorat-Limoges avant d’être remplacé aussitôt. Or, l’anomalie sur ce même câble avait été identifiée il y a près d’un an par la SNCF qui n’a visiblement pas fait le nécessaire pour la réparer.

Des centaines d'anomalies non traitées dans les temps sur les rails

Toujours sur la ligne Le Dorat-Limoges, les enquêteurs sont tombés sur deux fils électriques rongés. Or, Le Parisien rappelle que l’accident ferroviaire de Denguin qui avait fait une trentaine de blessés il y a cinq ans après une collision entre un TER et un TGV était justement survenu en raison de fils dénudés par les rongeurs dans une armoire électrique.

Le constat n’est guère plus brillant sur les rails au niveau desquels "plusieurs centaines d’anomalies n’ont pas été traitées dans les délais, dont une avait même presque deux ans de retard", note Le Parisien.

D’autres défaillances absentes des rapports de la SNCF auraient directement été repérées par l’EPSF alors que la compagnie ferroviaire a réalisé ses contrôles il y a une semaine. Le journal évoque ainsi des éclisses (pièces métalliques reliant deux rails) avec des boulons desserrés ou manquants -un élément qui a joué un rôle essentiel dans le déraillement du train Intercités Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui avait fait sept morts et plus de 30 blessés le 12 juillet 2014. Paradoxalement, les enquêteurs de l’EPSF disent tout de même voir "quelques signes de progression" sur la maintenance par rapport à l’an passé. 

La SNCF se défend

Interrogée par l'AFP, la SNCF a confirmé la teneur du rapport technique d'audit, tout en minimisant les conclusions tirées par le quotidien. "Si l'EPSF avait noté des situations graves ou des écarts graves, il a l'obligation de demander des mesures conservatoires immédiates, ce qui n'est pas le cas" a souligné un responsable. "Pour juger de l'état de la sécurité, il faut regarder le nombre d''accidents de sécurité remarquables' signalés par l'EPSF, et qui a baissé de 30% en trois ans" a indiqué la même source.

Depuis Brétigny, "le contrôle et la sécurité ont été complètement remis à plat, avec notamment le lancement de plusieurs trains de surveillance bardés de capteurs électroniques, baptisés Surveil, qui sillonnent jour et nuit le réseau pour vérifier l'intégrité du réseau", a ajouté ce responsable. Selon lui, "il n'y a jamais eu autant de contrôles, ce qui est une bonne chose".

Paul Louis avec AFP