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Le gouvernement s'apprête à renoncer à sa prévision de croissance de 1,4% pour 2024

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire va abaisser la prévision de croissance du gouvernement "dans les prochains jours". Il appelle à "tailler dans les normes" pour rendre l'économie européenne plus dynamique et attractive.

Bercy se rend à l'évidence. Jugée "optimiste" par le président de la Cour des comptes il y a un mois, la prévision de croissance du gouvernement, à 1,4% pour 2024, va être définitivement enterrée. C'est ce qu'a confirmé Bruno Le Maire ce jeudi, à l'occasion de la remise d'un rapport parlementaire sur la simplification.

"Tous les États européens sont en train de réviser leur croissance. L'Allemagne vient de le faire, d'autres États membres de la zone euro l'ont fait et je le ferai également dans les prochains jours", a annoncé le ministre de l'Économie, sans pour autant révéler ce que sera la nouvelle prévision. Selon L'Opinion, la direction du Trésor proposerait de tabler désormais sur 0,9% en 2024.

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Alors que la Commission européenne vient elle-même de réviser à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro, à 0,8% contre 1,2% anticipé jusqu'ici, Bruno Le Maire en a profité pour livrer ce qu'il a décrit comme "un diagnostic sévère sur la situation économique européenne".

"Nous avons aujourd'hui un taux de croissance qui est largement inférieur à celui des États-Unis", a rappelé le locataire de Bercy, évoquant "un problème structurel de niveau de la croissance" et "de manque de productivité" en Europe.

"Je refuse cette paupérisation du continent européen. Je refuse cette relégation européenne par rapport au continent américain ou par rapport à la Chine", a-t-il ajouté.

"L'excès de normes tue la croissance en Europe"

Pour le ministre de l'Économie, "une des raisons fondamentales de ce manque de croissance, c'est l'excès de normes en Europe".

"L'Europe ne peut pas être le continent de la norme. L'Europe doit être le continent de la croissance, de l'innovation et de l'emploi. L'excès de normes tue la croissance en Europe", a-t-il lancé.

Raison pour laquelle le gouvernement présentera dans les prochains mois un texte de loi sur la simplification alimenté par le rapport remis ce jeudi au ministre. Ce texte aura vocation à "s'attaquer aux normes" au niveau national alors que leur coût est estimé à "70 milliards d'euros par an", d'après Bruno Le Maire, qui a également appelé à simplifier les règles à l'échelle du continent, estimant qu'"il en va de l'avenir du continent européen".

"Transformer le maquis en jardin"

Le projet de loi sur la simplification aura comme objectif de "transformer le maquis en jardin" et sera basé sur le triptyque "on taille, on soigne, et on développe", a précisé le ministre. Il s'agira donc dans un premier temps de "tailler dans les normes" en retirant "toutes les normes inutiles" et les "règles absurdes" auxquelles sont confrontées les entreprises. Bruno Le Maire a également dit vouloir s'attaquer au "business de la norme". Avant de détailler l'incongruité de la situation:

"Quand vous imposez des normes, vous imposez des coûts et vous avez des entreprises qui se créent pour gérer la complexité des normes qui s'imposent aux entreprises."

Deuxième ambition du projet de loi: soigner la relation entre l'administration et les entreprises. "Il faut soigner cette relation avec moins de documents, des documents plus simples, avec des documents qu'on ne remet qu'une seule fois", a expliqué le ministre de l'Économie. Enfin, il souhaite que la simplification contribue à "développer" l'activité en simplifiant "les démarches" et en raccourcissant "les délais pour permettre aux entreprises de grandir plus vite".

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D'après Bruno Le Maire, ce choc de simplification devra passer par "une révolution des esprits, une révolution de la construction européenne et une révolution économique nationale", afin de "permettre à chacun de grandir, de se développer sans être entravé par une administration et des règles trop pesantes". Reste que le chantier prendra du temps: "On ne fait pas la révolution en un jour, on ne fera pas la simplification en un texte. Je suis lucide là-dessus. Ce texte est un point de départ", a conclu le locataire de Bercy.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco