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"Des entraves disproportionnées": les dirigeants de grandes écoles inquiets des effets de la loi Immigration

Dans une tribune, les dirigeants de l'ESSEC, l'ESCP et HEC Paris dénoncent plusieurs mesures prévues par le projet de loi Immigration qui risquent, selon eux, "de compromettre durablement l'avenir de l'enseignement supérieur français".

Des dispositions qui sont "loin d'être des solutions". Les dirigeants de trois grandes écoles de commerces, HEC Paris, l'ESCP et l'ESSEC tirent la sonnette d'alarme sur le projet de loi Immigration. Voté ce mardi soir au Sénat, le texte intègre en effet plusieurs mesures qui, dans leur version actuelle, auraient un impact direct sur les étudiants étrangers.

Pour Eloïc Peyrache (HEC Paris), Vincenzo Vinzi (ESSEC Business School) et Leon Laulusa (ESCP Business School), qui ont co-signé une tribune transmise au Parisien ce mardi, elles sont même des "entraves disproportionnées qui risquent de compromettre durablement l'avenir de l'enseignement supérieur français".

Ils ajoutent que ces dispositions pourraient "freiner l'ambition (de la France) de se positionner comme leader mondial dans la formation des nouveaux cadres de la transition écologique et technologique".

L'instauration d'une "caution de retour"

Les mesures ciblées par les dirigeants de ces prestigieux établissements sont l'instauration d'une "caution de retour" pour les étudiants étrangers non ressortissants de l'Union européenne ainsi que la mise en place de quotas pluriannuels.

Ils jugent "économiquement et juridiquement aberrant" le principe de caution de retour et dénoncent un flou autour du montant qui pourrait donner lieu à des variations "arbitraires et clairement dissuasives".

Selon eux, cette mesure "va à l’encontre des principes d’égalité républicaine et de mobilité étudiante internationale" et elle entraînera une baisse de "la part d’étudiants internationaux dans nos écoles et universités".

Quant à la mise en place de quotas pluriannuels pour l’installation durable d’étudiants qualifiés, elle est aussi jugée floue. En particulier, c'est la notion d'installation durable qui est interrogée par les patrons de grandes écoles. Le terme durablement crée "une incertitude inacceptable, notamment pour les étudiants internationaux en Master ou en fin de cursus", estiment-ils.

"Faire une croix sur l'apport de ces talents"

En plus de "décourager" les étudiants étrangers "de s'investir pleinement dans notre système éducatif pour s'investir à terme dans notre économie", la disposition affectera l'enseignement supérieur en le privant de "talents", s'inquiètent les signataires.

"Ce texte, dans sa version actuelle, nous pousse à faire une croix sur l’apport de ces talents", dénoncent-ils.

Ils demandent donc d'ajouter au texte l'exclusion des détenteurs d'une carte de séjour pluriannuelle de ces quotas.

Enfin, ils prédisent que le projet de loi, dans sa version actuelle, "anéantirait" l'objectif du gouvernement de doublement internationaux d'ici 2027".

Nina Le Clerre