BFM Business
France

Apprentis: l'ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud plaide pour "supprimer" ou "réduire" les primes à l'embauche

Muriel Pénicaud appelle à prioriser le financement de la formation, qui a baissé ces dernières années selon elle.

C'est elle qui les avait mis en place, aujourd'hui elle plaide pour les supprimer. L'ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud appelle à "supprimer" ou à "réduire" les primes à l'embauche de 6.000 euros pour les apprentis pour les entreprises de plus de 250 salariés.

Le gouvernement a déjà commencé à les raboter, puisqu'il a annoncé la suppression d'une des deux primes à l'embauche (celle qui concerne les contrats de professionalisation).

Muriel Pénicaud estime que ces primes, mises en place pendant le Covid, devaient rester temporaires. "Dans notre esprit, en 2020, c'était vraiment exeptionnel", explique-t-elle.

Au 1er janvier 2024, on dénombrait un million d'apprentis. Muriel Pénicaud considère que même sans la prime, les entreprises vont continuer à former des apprentis. "Les entreprises ont bien compris que fabriquer les compétences de demain c'est crutial, c'est même stratégique pour elles", estime l'ancienne ministre.

Prioriser la formation "qui a été massacrée"

Sans contrainte sur les dépenses publiques, elle plaiderait pour garder ces primes, mais dans le contexte d'augmentation du déficit public, l'ancienne ministre voudrait pour une priorisation.

"S'il faut choisir, il vaut mieux réinvestir sur la qualité et le niveau des formations, du CAP au Bac pro, qui a été massacré depuis deux ans."

Elle a dénoncé la baisse du financement des formations professionnelles. La somme pour former un jeune cuisinier pendant un an est passée "de 8.500 à 6.500 euros (...) alors que c'est le double en lycée pro et beaucoup plus à l'université ou dans un lycée général", dénonce-t-elle.

Elle appelle donc à "réinvestir sur la formation des cuisiniers, des aides soignantes... qui sont des métiers pénuriques et d'ascenseur social".

En revanche, elle plaide pour conserver la prime de 6.000 euros pour les entreprises qui embauchent des jeunes en situation de handicap.

Marine Cardot