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1% de croissance en 2024: pourquoi l'objectif du gouvernement paraît très ambitieux

Invité sur BFM Business, le chef du département de la conjoncture à l'Insee estime que la croissance tricolore devra être "relativement élevée" au second semestre pour que l'objectif du gouvernement se réalise.

"La reprise se fait attendre." C'est en ces termes que l'Insee a résumé son dernier point de conjoncture publié jeudi. L'institut table désormais sur une croissance française nulle au premier trimestre, au lieu des 0,2% espérés auparavant.

Portée par un rebond de la consommation, l'activité tricolore ne devrait réellement redémarrer qu'au deuxième trimestre (+0,3% attendu). Une reprise qui apparaît toutefois bien modeste au regard de l'objectif du gouvernement qui anticipe une croissance du PIB de 1% sur l'ensemble de l'année 2024.

À supposer que ces prévisions économiques se confirment au premier semestre, "il faudrait faire 0,7% aux troisième et quatrième trimestres" pour atteindre 1% à la fin de l'année, observe sur BFM Business Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l'Insee. "Donc ce serait une croissance relativement élevée."

Pour lui, le seul moyen de parvenir à 1% de croissance serait que "les aléas positifs se matérialisent tout de suite". En l'occurrence, que les ménages augmentent significativement et rapidement leurs dépenses.

Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l’Insee - 15/03
Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l’Insee - 15/03
9:02

Un taux d'épargne encore "très élevé"

À ce stade, "le taux d'épargne des ménages reste très élevé donc il y a quand même un réservoir de croissance. Si on avait un regain de confiance, cela pourrait rapidement débloquer des comportements de consommation supplémentaires et donc apporter un peu plus de croissance", indique Dorian Roucher. Et de rappeler que le taux d'épargne des Français reste aujourd'hui "2 à 3 points plus élevés que ce qu'il était avant la crise sanitaire".

Problème: dans un contexte encore très incertain, rien ne laisse penser que les ménages prévoient de désépargner massivement. À 18%, le niveau du taux d'épargne traduit encore l'inquiétude des ménages.

"Il y a une inflation avec une composition très particulière: une hausse des prix alimentaires que les ménages ont beaucoup perçue, ce qui peut favoriser les comportements d'épargne", souligne l'expert de l'Insee.

D'après lui, cette tendance à la surépargne a également pu être portée par "des effets d'encaisses réelles car la valeur de l'épargne des ménages a baissé puisque les prix prix ont augmenté", ce qui a pu les inciter à mettre davantage de côté pour "maintenir un certain pouvoir d'achat de l'épargne".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco