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Finances publiques

Réduire la dette et préserver le pouvoir d'achat: un budget 2024 sous le signe du "en même temps"

Le gouvernement a dévoilé ce mercredi le projet de loi de finances 2024. Un budget plus sobre présenté comme une première étape vers le redressement des finances publiques. Mais aussi comme un texte de lutte contre l'inflation et de verdissement de l'économie.

Bercy préparait les esprits depuis plusieurs semaines. Dans un contexte de retournement du climat économique sur fond de brutale hausse des taux d’intérêt, le budget 2024 dévoilé ce mercredi scelle comme prévu la fin progressive du "quoi qu’il en coûte".

Les circonstances l’imposent, assure-t-on au ministère de l’Economie, alors que l’environnement économique morose a contraint le gouvernement à revoir à la baisse sa prévision de croissance à 1,4% (contre 1,6%) pour l’an prochain. Un niveau encore jugé "optimiste" par le Haut conseil des Finances publiques.

Mais avec la hausse des taux d’intérêt, c'est sans doute l'évolution de la charge de la dette qui préoccupe le plus les gardiens des finances publiques. A 51,7 milliards d’euros en 2023, elle devrait encore progresser à 52,2 milliards en 2024 avant de devenir le premier poste de dépense de l'Etat à plus de 70 milliards en 2027. Raison pour laquelle l’exécutif promet de réduire le déficit public à 4,4% l’an prochain et à 2,7% à la fin du quinquennat. Il ambitionne par ailleurs de réduire l’endettement du pays de 111,8% du PIB l’an passé à 108,1% dans quatre ans. Le tout en promettant de ne pas augmenter les impôts des ménages.

16 milliards d'euros d'économies

Pour atteindre l’objectif fixé, le projet de loi de finances 2024 se veut plus sobre que la version 2023, avec une baisse des dépenses de l’Etat de 5,2 milliards d'euros, à 490,9 milliards. "C'est un effort notable dans une période inflationniste. (...) Il faut faire preuve de clarté et de fermeté dans la maîtrise des dépenses publiques", a déclaré Bruno Le Maire, identifiant le désendettement comme le principal défi de 2024 aux côtés de la lutte contre l'inflation et de la transition énergétique.

Au total, Bercy cible 16 milliards d’euros d’économies "par rapport à l'augmentation naturelle des dépenses publiques". Des économies qui concernent pour l’essentiel à des dépenses non structurelles. En effet, 10 milliards proviendront de la fin du bouclier tarifaire. Pour le reste, le gouvernement mise sur la réduction des aides aux entreprises (4,5 milliards d’euros d’économies) ainsi que sur sa politique de l’emploi à travers la réduction du nombre de contrats aidés et sur la réforme de l’assurance chômage (respectivement 1 milliard et 700 millions d’euros d’économies).

Côté logement, l’exécutif va mettre fin au dispositif Pinel (2 milliards par an) et resserrer le champ d’application du prêt à taux zéro (900 millions) sur les opérations les plus respectueuses de l’environnement. Des mesures qui ne dégageront toutefois pas d’économies avant 2025.

Pour renflouer les caisses de l’Etat, le budget 2024 acte également la suppression progressive de la niche fiscale sur le gazole non routier ainsi que la création d’une taxe sur les sociétés d’autoroutes et les aéroports qui rapportera 600 millions d'euros. Ces mesures permettront notamment de financer la transition écologique qui se verra dotée d’une enveloppe supplémentaire de 7 milliards d’euros alloués, entre autres, au soutien du verdissement du parc automobile (bonus écologique), à la rénovation énergétique des bâtiments ou à la décarbonation de l'industrie.

Mesures pour le pouvoir d'achat

À travers le projet de loi de finances 2024, le gouvernement joue aussi aux équilibristes, en tentant de concilier deux impératifs difficilement comparables à première vue: la nécessité de réduire la dette et celle de préserver le pouvoir d'achat des ménages face à l'inflation. Une sorte de budget "en même temps" qui conduit l'exécutif à prévoir une indexation du barème de l'impôt sur le revenu (6,1 milliards d'euros de manque à gagner), des prestations sociales (coût de 4,5 milliards d'euros) et des pensions de retraite (14 milliards) à hauteur de la hausse des prix ainsi qu'un nouveau chèque carburant pour les plus modestes (430 millions d'euros), tout en remettant à 2025 la réduction d'impôts de 2 milliards d'euros promise par Emmanuel Macron.

Les entreprises bénéficieront quant à elles d’une nouvelle baisse de la CVAE, à hauteur d’un milliard d’euros en 2024. Mais la suppression totale de cet impôt de production initialement programmée pour l’année prochaine sera finalement étalée sur quatre ans.

Reste que l’exécutif devra poursuivre les efforts à l’avenir s’il veut tenir ses engagements financiers. Selon la Cour des comptes, 12 milliards d’euros de dépenses en moins devront être trouvés chaque année, soit 60 milliards sur le quinquennat, pour espérer ramener le déficit à moins de 3% du PIB en 2027. Un défi de taille qui sera scruté de près par les marchés et les agences de notation.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco