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Etudiants étrangers: le DG du groupe Essec redoute "les effets pervers" de la loi immigration

Invité de la matinale de BFM Business, Vincenzo Vinzi est revenu sur la tribune signée par les dirigeants de l'Essec, l'ESCP et HEC Paris afin de dénoncer plusieurs mesures prévues par le projet de loi immigration.

Les plus prestigieuses écoles de commerce françaises sont montées au créneau mardi soir, à quelques heures de l'adoption définitive du projet de loi sur l'immigration. Parmi les mesures clés du texte, la droite a notamment obtenu l'instauration, sauf dans certains cas particuliers, d'une caution à déposer par les étrangers demandant un titre de séjour "étudiant", visant à couvrir le coût d'éventuels "frais d'éloignement". Les macronistes avaient pourtant combattu cette mesure constituant à leurs yeux "une rupture d'égalité" entre étudiants et risquant de fragiliser les étudiants internationaux.

Dans une tribune publiée dans Le Parisien, les dirigeants d'HEC Paris, l'ESCP et l'Essec ont fait part de leurs réserves sur le projet de loi. Vincenzo Vinzi, l'un des signataires de cette tribune, s'est exprimé à ce sujet mercredi matin dans l'émission Good Morning Business. "L'enjeu, c'est de protéger l'avenir de notre enseignement supérieur et assurer que la France reste une destination de choix pour les meilleurs talents mondiaux, souligne le directeur général du groupe ESSEC. Il ne faut pas négliger cette responsabilité car il en va de notre rang économique et international."

Un compte bloqué sur le modèle allemand à la place de la caution

Le dirigeant de l'école basée à Cergy-Pontoise a particulièrement pointé du doigt deux mesures qui selon lui "menacent gravement notre compétitivité internationale" à savoir la fameuse caution mais aussi les quotas pluriannuels pour l'installation d'étudiants qualifiés. "Sur l'instauration d'une caution de retour pour les étudiants étrangers, ça constitue à notre avis un mécanisme économiquement et juridiquement aberrant", déplore Vincenzo Vinzi.

"Ce qui est grave pour nous, c'est le flou autour du montant de cette caution qui serait déterminé par décret et non par la loi. Ça ouvre la porte à des variations arbitraires et clairement dissuasives."

Au micro de France Inter au même moment, la Première ministre Elisabeth Borne n'a pas exclu de "revenir" sur certaines mesures controversées dont la caution pour les étudiants étrangers qui pourrait être symbolique, "de 10 ou 20 euros". De leur côté, les dirigeants d'écoles de commerce plaident pour un compte bloqué sur le modèle allemand dont le plafond serait fixé par loi et ne dépasserait pas la somme de 1.000 euros, soit environ trois fois le montant des frais d'inscription universitaire. "Ce fond servirait de sécurité pour les étudiants en difficulté et sans les décourager car c'est ça le problème: il ne faut pas les décourager de choisir la France comme terre d'études", rappelle le représentant de l'Essec.

En ce qui concerne les quotas pluriannuels pour l'installation durable d'étudiants étrangers qualifiés, "notamment avec des masters" selon Vincenzo Vinzi, ce dernier critique là aussi un flou autour du terme "durable". Dans leur tribune, lui et ses homologues demandent d'ajouter au texte l'exclusion des détenteurs d'une carte de séjour pluriannuelle de ces quotas.

Timothée Talbi