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Emeutes: si les assureurs ne jouent pas le jeu, les commerçants veulent se retourner contre l’Etat

Selon le Directeur général de l’Alliance du Commerce Yohann Petiot, invité ce soir sur le plateau de BFM Business, plusieurs commerçants seraient prêts à engager la responsabilité de l’État si les assureurs ne jouent pas le jeu.

Selon les derniers chiffres de l’Alliance du Commerce relayés par le cabinet de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, le chiffre d'affaires des commerces était en hausse de 4% sur les douze premiers jours des soldes par rapport à l'an passé.

Ainsi, les émeutes et les dégradations de commerces ne semblent pas avoir entamé l’envie des soldes. “On entend souvent que les périodes de soldes sont mortes et n’intéressent plus personne, mais en période inflationniste le prix est un critère plus que déterminant”, a déclaré le Directeur général de l’Alliance du Commerce Yohann Petiot sur le plateau de BFM Business.

Si ces chiffres semblent encourageants, ils ne sont pas réellement représentatifs du secteur, en particulier pour les commerces les plus touchés par les récents pillages et dégâts qui ont frappé l’Hexagone en début de mois. Pour Yohann Petiot, certains commerçants seraient même prêts à se retourner contre l’État si la facture reste élevée malgré les indemnisations.

Le nerf de la guerre: l’indemnisation

Dans un message transmis ce matin à l’AFP, Olivia Grégoire s’est réjouie de voir que "beaucoup de commerces qui avaient été [affectés] par les émeutes ont pu rouvrir rapidement et profiter de l'engouement de ces deux premières semaines". Dans le même temps, cette dernière a également partagé avoir "une pensée très forte" pour ceux qui "ne pourront pas rouvrir avant un petit moment".

Ces commerces qui n’ont pas la chance de pouvoir ouvrir tout de suite engrangent pendant de ce temps des pertes d’exploitation non négligeables. Problème: seul un commerce sur deux en France est actuellement couvert contre ce type de risques. “Même ceux qui sont assurés pour les pertes d’exploitation ne sont pas sûrs d’être indemnisés”, a décrit Yohann Petiot, expliquant que les garanties fonctionnent souvent en cas de décision administrative de fermeture des commerces.

Si le gouvernement a exigé de la part des assureurs des efforts sur la réduction des franchises “classiques” couvrant les vols, les incendies, les bris de glace ou le pillage de stocks, Yohann Petiot estime vouloir attendre “de voir ce qui se fera concrètement”. Pour lui, si les assureurs ne jouent pas le jeu, certains commerçants seraient donc prêts à engager la responsabilité de l’État.

Des chiffres sur les résultats des soldes à nuancer

Les chiffres présentés à mi-parcours des soldes semblent encourageants pour l’ensemble du secteur mais ils ne reflètent pas les réalités auxquelles sont confrontés les commerces les plus fragilisés par le contexte. En effet, les données remontées par l’Alliance du Commerce ne concernent que ses 27 000 adhérents: autrement dit, de grandes enseignes de l'habillement et de la chaussure.

Qu’en est-il donc des plus petits commerces qui ont subi des pillages de leurs stocks ou bien fermé leur établissement par prévention de nouvelles émeutes? Yohann Petiot admet que les commerçants les plus touchés devront “attendre plusieurs jours, voire semaines avant réouverture”. Ce délai serait même parfois allongé par certains assureurs qui préféraient estimer les dégâts globaux après les débordements potentiels lors du 14 juillet.

Pierre Berthoux