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Economie et Social

Depuis 2017, le pouvoir d'achat des travailleurs au Smic a été mieux préservé que celui des inactifs

Selon une étude de la Drees, une personne seule sans enfant restée au RSA entre 2017 et 2022 a vu son pouvoir d'achat baisser alors qu'un salarié payé au Smic a vu le sien progresser de 8,7% grâce à la prime d'activité.

Le pouvoir d’achat des travailleurs est-il mieux défendu par l'Etat que celui des inactifs? Si on en croit le travail de Camille Dufour, statisticienne à la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), la réponse à cette question est oui, depuis au moins 2017.

Son étude porte sur l’évolution du pouvoir d’achat des Français (en prenant donc en compte l’inflation) selon le niveau de leurs revenus entre 2017 et 2022. Et il apparaît qu’une personne seule restée au RSA pendant ces cinq années aura vu son pouvoir d’achat baisser de 1,4% alors que sur la même période, il aura augmenté de 8,7% pour un célibataire ayant travaillé à plein temps avec un salaire resté au niveau du Smic.

Un revenu qui passe presque du simple au double selon qu'on est au RSA ou au Smic

Une hausse d'autant plus importante que le pouvoir d’achat d’une personne seule gagnant une fois et demi le smic, n’aura, lui, augmenté que de 5,3%. En effet, avec un tel niveau de salaire, on perd le bénéfice de la prime d’activité, ce complément de salaire payé par l’Etat, mis en place à la fin du quinquennat de François Hollande.

C’est ce coup de pouce financier, payé par le contribuable, qui permet à un salarié célibataire gagnant le smic de disposer d’un revenu net désormais presque deux fois supérieur à ce dont il devrait se contenter si elle était au RSA et percevait des aides au logement pour payer son loyer.

L'étude qui porte sur le mois de juillet 2022 (avant une nouvelle augmentation du Smic) montre que dans le premier cas, une personne seule bénéficiait d'un revenu net de 1551 euros dont 248 euros de prime d'activité et dans l'autre cas, de 820 euros (aides au logement comprise). C‘est cet écart qui s’est accentué depuis 2017.

La différence s'estompe quand on a des enfants

En revanche, dès qu’on compare l’évolution du pouvoir d’achat pour des familles, cette différence entre travailleurs et inactifs s’estompe progressivement, en fonction du nombre d’enfant du fait du versement des allocations familiales, qui visent, elles, à favoriser la natalité. L'étude montre qu'une mère qui élève seule ses trois enfants, sans aucune pension alimentaire, aura vu son pouvoir d’achat légèrement augmenter entre 2017 et 2022 si elle est restée, au RSA, pendant ces cinq années alors qu'il aura stagné pour une mère dans la même situation familiale mais qui travaille à plein temps au Smic.

On pourrait aussi ajouter que cette étude ne prend pas en compte tous les éventuels soutiens financiers sur lesquels l’Etat n’a pas la main: aides sociales locales, tarifs dégressifs de services publics (cantine, crèche...). De même que le coût éventuel et les crédits d'impôts de la garde des enfants lorsqu'on travaille. On ne peut lui en faire grief puisqu'il s'agit de cas spécifiques, mais cela pèse néanmoins sur l’écart des revenus réels entre ceux qui travaillent et ceux qui sont sans emploi.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco