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Amazon lance le projet "Ratatouille" pour redorer son image en France

Inspiré du film d’animation de Disney, le projet "Ratatouille" d’Amazon est destiné à améliorer l’image du géant de l’e-commerce dans l’Hexagone, faisant notamment valoir son soutien à l’économie du pays.

Flashback à l'été 1999: un certain José Bové bloque la construction d'un nouveau McDonald's dans l'Aveyron et pose les fondements d'une lutte altermondialiste "à la française". 20 ans plus tard, la chaîne de fast-food semble s'être dépêtrée de son image dégradée en multipliant des accords avec des agriculteurs locaux et en sortant des produits spécifiques pour séduire les Français comme le McBaguette.

Selon Bloomberg, c'est maintenant aujourd'hui au tour du géant de l'e-commerce Amazon d'emprunter la même stratégie avec un vaste plan baptisé… "Ratatouille". Un clin d'œil direct au film d’animation Disney du même nom, sorti en 2007 et dont l'action se déroule à Paris.

Un projet pour convaincre les Français

Le plan de communication "Ratatouille" comprend des publicités diffusées à la télévision mais aussi des études pour démontrer l’impact économique positif des activités d'Amazon. Une étude du cabinet Roland Berger commandée par Amazon en mars dernier a par exemple permis de sonder des commerçants locaux autour de Metz pour qui l’implantation d’un entrepôt Amazon à proximité aurait eu un impact neutre sur leur activité (84% d’entre eux). Une autre enquête, cette fois-ci demandée à l’Ifop, soulignait que 8 employés d'Amazon sur 10 recommanderaient d’y travailler.

"Depuis plus de 20 ans, notre ambition est de gagner la confiance de nos clients en ayant un impact positif sur les territoires, en offrant un service de qualité, une offre large de produits et des prix bas, et ce malgré l'augmentation du coût de la vie. Et, comme beaucoup d'entreprises, nous souhaitons informer sur la façon dont nous nous engageons au sein des territoires", a déclaré un porte-parole d'Amazon à BFM Business.

En mars dernier, Amazon avait même obtenu pour la première fois son propre stand au Salon de l’agriculture de Paris, pour faire la promotion de producteurs alimentaires français. Le but étant évidemment de montrer son implication et renforcer l’adhésion des consommateurs français qui font preuve d’une défiance plus marquée que dans d’autres pays européens. Le projet "Ratatouille", imaginé il y a 3 ans, viserait donc à "franciser" Amazon, si l’on reprend les termes d’une source anonyme interrogée par Bloomberg. Une image en France assez mitigée

On ne peut pas dire qu’Amazon est pour autant blacklisté: au moins 1 Français sur 3 achète via la plateforme (quasiment 22 millions de personnes), ce qui permet au géant de capter 19% du marché de l’e-commerce. Mais depuis son lancement dans l’Hexagone en 2000, les polémiques s'invitent aussi régulièrement dans le débat.

Lors du premier confinement, l’entreprise de Seattle a par exemple été accusée de mal protéger la santé de ses salariés en France (aujourd’hui au nombre de 200.000) et a décidé de suspendre ses activités pendant 5 semaines. Pendant le second confinement, le discours dénonçant la contribution d’Amazon à la disparition du commerce local a aussi repris de plus belle. Des élus de gauche et écologistes avaient lancé à l’hiver 2020 deux pétitions pour convaincre les Français de passer un "Noël sans Amazon".

Plus récemment, les ministères de la Culture et de l’Économie ont également fixé une taxe de 3 euros sur les livraisons de livres en France pour mieux protéger les librairies face au géant. Mais dans le même temps, le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a aussi été décoré de la légion d’honneur par Emmanuel Macron en février dernier. Le géant de l’e-commerce semble donc avoir plus d’un tour sous sa toque…

Pierre Berthoux