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Dette française: montée en pression à l'approche du verdict de Standard and Poor's

La pression s'accumule sur le gouvernement qui tente de convaincre de sa trajectoire budgétaire à quelques jours du verdict de l'agence de notation Standard and Poor's.

Un mois après la sanction de l'agence de notation Fitch, la pression monte sur le gouvernement français qui s'active pour convaincre du sérieux de sa trajectoire budgétaire à l'approche du verdict de l'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P) vendredi prochain.

Interrogée dimanche matin sur ce sujet par Radio J, la Première ministre Elisabeth Borne a indiqué qu'"il y a eu des explications détaillées" du ministre de l'Economie "Bruno Le Maire auprès de Standard and Poor's sur tout ce qu'on fait pour maîtriser nos finances publiques".

Ces "discussions très étroites", selon les mots de Mme Borne, interviennent au moment où l’exécutif peine à tourner la page de la réforme des retraites, qui a illustré les difficultés à faire passer des lois au Parlement, tout en faisant l'objet de vives contestations sociales.

Note en berne

Fitch, en abaissant le 28 avril la note de la France d'un cran, à "AA-", avait justifié sa décision notamment par une "impasse politique" de nature à compliquer la tâche du gouvernement dans sa volonté de réformes, voire à encourager les dépenses.

Selon cette agence de notation, la situation de blocage actuelle pourrait "créer des pressions en faveur d'une politique budgétaire plus expansionniste ou d'un renversement des réformes précédentes".

Après avoir atteint 4,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2022, le déficit public français devrait légèrement remonter cette année à 4,9%, avant de refluer progressivement à partir de 2024, anticipe le gouvernement dans son programme de stabilité présenté en avril, qui table sur un retour dans les clous budgétaires européens en 2027. La dette publique frôle quant à elle les 3.000 milliards d'euros.

Vendredi, c'est l'agence de notation Scope, moins regardée que Fitch, Moody's et S&P, qui a abaissé la perspective de la note du pays à "négative", ce qui signifie une possible future baisse de la note.

Actuellement à "AA" soit le troisième plus haut niveau de sa grille, Scope pourrait abaisser cette note "dans les 12 à 18 mois". 

Parmi les risques pesant sur les finances françaises, l'agence a relevé que "la dynamique économique s'est nettement ralentie au second semestre 2022".  Elle s'est montrée aussi peu convaincue de la trajectoire de réduction du déficit et de la dette publics, en raison d’un "mauvais bilan en matière d'assainissement budgétaire, d'une charge d'intérêt de la dette croissante et de risques liés à la mise en œuvre du programme de réformes". 

Ces risques sont liés à "l'absence de majorité au Parlement" et à des "contestations socio-politiques", notamment contre la réforme des retraites, a-t-elle expliqué. 

Une nouvelle journée de mobilisation contre cette réforme est prévue le 6 juin, deux jours avant que l'Assemblée nationale n'examine une proposition de loi portée par le groupe indépendant Liot et visant à abroger la retraite à 64 ans.

"On fera tout pour que ce débat n'ait pas lieu", a toutefois assumé la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance Charlotte Caubel, alors que le pouvoir cherche à utiliser l'article 40 de la Constitution, selon lequel les initiatives des parlementaires ne sont pas recevables si elles entraînent un alourdissement des charges publiques.

Même si cela n'a pas eu d'impact sur la capacité de financement du pays, l'avertissement des deux agences de notation n'est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement qui met régulièrement en avant sa crédibilité économique et son sérieux budgétaire face aux oppositions. D'où les efforts engagés pour éviter vendredi une dégradation de la note de S&P, dont la perspective est d'ores et déjà "négative".

Mardi, l'entourage de Mme Borne et M. Le Maire ont annoncé à l'AFP un gel supplémentaire de 1% des crédits du budget 2023 pour tenir la trajectoire en matière de finances publiques.

Après la décision de Fitch, le ministre avait en outre assuré que la France allait continuer les réformes, fustigeant une "appréciation pessimiste" de l'agence de notation.

L.L. avec AFP