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Dette: Moody's maintient la note de la France

L'agence de notation maintient la note de la France à Aa2, soit le 3e cran le plus élevé. L'agence de notation Fitch a également maintenu la note souveraine de la France.

Le couperet vient de tomber. L’une des trois principales agences de notation, Moody’s, a décidé de ne pas toucher à la note de la France, qui reste au niveau "Aa2". Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a finalement eu raison d'être “serein”, mercredi au micro de BFM Business, alors que les indicateurs allaient dans le sens d'une dégradation.

Plus tard dans la soirée, c'est l'agence de notation Fitch qui a annoncé maintenir inchangée la note souveraine de la France

Ces derniers temps, les mauvaises nouvelles s’étaient accumulées du côté de Bercy. Fin mars, l'exécutif confirmait le dérapage du déficit public pour 2023 à 5,5% du produit intérieur brut (PIB), 0,6 point au-dessus des estimations initiales.

S’en était suivie une réévaluation de la prévision du solde négatif des finances publiques à 5,1% pour cette année, contre 4,4% initialement prévu. L'exécutif abaissait, par la même occasion, sa prévision de croissance à 1%, au lieu de 1,4%. Un chiffre que les experts jugent néanmoins encore trop optimiste. La Banque de France table, par exemple, sur une progression du PIB de 0,8% en 2024.

Nicolas Doze face à Jean-Marc Daniel : Agences de notation, dégradez-nous ! - 22/04
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Camouflet évité

La trajectoire de réduction du déficit public à 3% pour 2027, dévoilé dans le nouveau pacte de stabilité était pourtant jugé "improbable" par Moody's. La promesse de dix milliards d’euros d’économie supplémentaires pour le millésime en cours, après l’annulation de 10 autres milliards d’euros de crédit en février, paraissait, là aussi, assez maigre pour convaincre l'agence. Toujours est-il que la France conserve une des meilleures évaluations possibles.

Si la crainte de voir le coût d’emprunt du pays s'envoler sur les marchés financiers était quasi inexistante - les analystes d'UBS estimaient que la dégradation de la note française renchérira les taux d’intérêts de 0,05 à 0,07% par rapport au niveau des emprunts allemands - une dégradation aurait été perçue comme un camouflet pour le gouvernement.

Les oppositions auraient eu carte blanche pour remettre en question la politique de l'exécutif. "S’il y a une dégradation, le principal danger viendrait des oppositions", estimait en début de semaine un proche du ministre de l’Économie dans les colonnes du Parisien.

Les Républicains auraient eu de nouvelles cartouches pour fustiger la “gestion calamiteuse des finances publiques”. Eux, qui ont pris les devants ces derniers jours en annonçant la création d’une commission d’enquête sur “les raisons de la très forte croissance de la dette française sous la présidence d’Emmanuel Macron et ses conséquences sur le pouvoir d’achat des Français”.

A l’inverse, la gauche aurait pu se servir de cette décision pour agiter la nécessité d’une hausse d'impôts sur les plus grosses fortunes et entreprises. Si le gouvernement refuse catégoriquement de remettre en cause son dogme fiscal, une “task force” doit dégager des propositions “sur la taxation des rentes” d’ici fin juin. L’instauration d’une taxe sur les rachats d’actions, pratique qui s’est démocratisée ces dernières années, est dans les petits papiers.

Les regards sont désormais tournés vers Standard and Poor’s. L’agence doit rendre son verdict fin mai. Une mauvaise nouvelle serait vécue comme un véritable affront pour la majorité, quelques jours seulement avant les élections européennes.

Théodore Laurent