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"Unhappy hour": des pubs britanniques augmentent le prix de la pinte pendant les heures de pointe

Des bars ont choisi de se livrer à des pratiques de "surge pricing" sur la bière pression pour augmenter leurs revenus et compenser la hausse de leur coûts. Une stratégie qui pourrait décourager une partie de la clientèle.

Ils se sont attaqués à une institution. Certains pubs britanniques ont fait le choix d'augmenter le prix de la pinte de bière aux heures de pointe. Selon le média américain The New York Times, environ 800 des 4000 établissements appartenant à Stonegate Group, le leader du marché outre-Manche, ont en effet adopté une stratégie de "surge pricing" depuis quelques semaines.

L'entreprise, qui détient les chaînes Slug &Lettuce et Craft Union, propose des pintes 20 pence (l'équivalent de 23 centimes d'euro) plus chères à certaines heures spécifiques de service.

Le choix de ces périodes de hausse variera selon les bars, mais elles interviendront généralement le soir et le week-end, précise une porte-parole de Stonegate au quotidien américain. Des hausses de ce type avaient déjà été appliquées dans les établissements du groupe pendant les matchs de football qui attiraient de nombreux clients, ajoute le groupe.

Le "surge pricing", cette pratique légale de tarification dynamique, est notamment utilisée dans le secteur de la grande distribution. En février, Casino avait été épinglé par le journaliste Olivier Dauvers pour avoir appliqué ce type de hausse dans les rayons de ses enseignes le dimanche. Une variation tarifaire à laquelle le distributeur avait finalement mis fin début 2023.

Une stratégie pour faire face à la hausse des coûts

Les commerces qui mettent en place ce type de méthode les justifient généralement par les hausses des coûts - tels que l'embauche de personnel supplémentaire -, que le supplément de demande et donc d'activité entraîne pour eux.

À cela s'ajoute les effets de l'inflation (notamment sur les coûts de l'énergie) qui a largement fragilisé les pubs anglais et dont certains ont été contraints de mettre la clé sous la porte. Le groupe Stonegate affichait ainsi des pertes de 23 millions de livres sterling (soit 26,76 millions d'euros) au premier trimestre, rapporte ainsi le New York Times.

Toutefois, la stratégie pourrait s'avérer contreproductive, l'augmentation des revenus risquant d'être contrebalancée par une fuite partielle de la clientèle. D'autant que ces hausses ciblées interviennent alors que la bière subit une inflation globale depuis un an.

En juillet dernier, le prix moyen de la pinte de bière blonde pression, au Royaume-Uni, atteignait 4,31 livres (soit 5 euros) contre 4 livres (soit 4,65 euros) l'année dernière, d'après l'Office britannique des statistiques.

Signe de sa désapprobation, Tom Stainer, le patron de Campaign for Real Ale, une association indépendante britannique de consommateurs de bière, a qualifié cette politique de hausse tarifaire de "Unhappy hour" en référence aux traditionnelles "Happy hour" qui désignent des périodes de baisse tarifaire dans les bars.

Nina Le Clerre