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Ces très grosses promos que les supermarchés aimeraient pouvoir continuer à proposer à leurs clients

Supermarché (illustration)

Supermarché (illustration) - AFP

Bruno Le Maire n'a jamais défendu la limitation à 34% des promotions sur les produits des rayons droguerie, parfumerie et hygiène. Pour revenir sur cette mesure prévue dans la Loi Descrozaille votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale, il demande aux députés d'accorder un moratoire à la grande distribution.

Bruno Le Maire le sait. Il ne dispose pas de beaucoup d’atouts dans son jeu pour agir sur la hausse des prix dans la grande distribution. L’une des rares cartes qu’il puisse jouer sur le plan légal, c’est une remise en cause d’une mesure récemment votée à l’Assemblée nationale. Une mesure qu’il n’avait pas défendue lorsque les députés se sont penchés voici quelques mois sur la proposition de loi de leurs collèges, le député Renaissance Frédéric Descrozaille.

Invité ce jeudi sur France Info, le ministre de l’Economie a redit qu’il y avait de "bonnes choses" dans ce "texte qui a été voté par tous les parlementaires", mais, rappelle-t-il, "j'ai toujours dit qu'il y avait une disposition que je trouvais malvenue, celle qui limite le montant maximum des promotions sur les produits d'hygiène et les détergents, c'est-à-dire les lessives, les dentifrices, les shampooings.

"Certains distributeurs sont prêts à faire 50-60% voire plus"

La loi prévoit qu'à partir de mars prochain, le niveau de la remise accordée sera limité à 34% alors que, rappelle Bruno Le Maire, "certains distributeurs sont prêts à faire 50-60% voire plus." Le ministre est donc prêt à leur donner satisfaction sur ce point, mais il entend laisser la main sur ce sujet aux députés qui ont voté à l’unanimité la loi de leur collègue. C’est à eux qu’il revient d’accorder un moratoire tant que ce qu’il appelle "la spirale inflationniste" n’a pas été stoppée.

Que changerait ce moratoire sur le niveau maximal des remises pouvant être appliqués sur les produits vendus dans les rayons droguerie, parfumerie hygiène? Pour bien le comprendre, il faut prendre des exemples. A partir du printemps prochain, si un supermarché veut faire pendant quelques jours une promotion sur le gel douche, le mieux qu’il pourra faire c’est proposer un lot de trois flacons dont le troisième est présenté comme "gratuit". Un moratoire lui permettrait de continuer proposer des lots de deux dont un exemplaire gratuit.

Autre approche classique en la matière: la remise immédiate notamment sur des produits qu'on achète rarement en grande quantité (crème de soin, mascara, after shave...). A partir de mars, il sera interdit d'afficher des réductions de prix dépassant 34% alors qu'aujourd'hui, rien n'empêche de faire une offre flash à -75%, voire -80%.

8 Français sur 10 privilégient les produits en promotion plutôt que leurs marques habituelles

Les principaux patrons de la grande distribution sont évidemment sur la même ligne que Bruno Le Maire. Voici quelques jours, Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, expliquait sur France Info que "deux français sur dix se privaient de ces produits d’hygiène". Et que cette limitation ne bénéficiait qu’à "trois grandes multinationales, Procter & Gamble, Unilever et Henkel" bénéficiaient de cette loi. Autrement dit trois groupes étrangers seraient selon lui les principaux profiteurs d’une loi votée à l’unanimité par les députés français.

Les patrons de la grande distribution savent aussi que sur ce sujet ils sont totalement en phase avec les consommateurs. Pour ces derniers, les promotions c’est aujourd’hui le bouclier anti-inflation par excellence. Selon un sondage réalisé cet été par l’Ifop pour le magazine "150 euros", 83% des Français privilégient les produits en promotion plutôt que leurs marques habituelles. Et c’est aussi en faisant miroiter de grosses promos, qu’une enseigne peut les inciter à ne pas faire leurs courses dans leur magasin habituel. Ainsi, dans la guerre à laquelle se livrent les supermarchés, cette arme est perçue comme particulièrement efficace.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco