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"Un pavé de 400 pages": c'est quoi cet énorme contrat montré par le patron de Lidl sur BFMTV?

Un contrat de fournisseur avec une multinationale montré ce mercredi par le patron de Lidl.

Un contrat de fournisseur avec une multinationale montré ce mercredi par le patron de Lidl. - BFMTV

Invité sur BFMTV-RMC, Michel Biero a dénoncé l'opacité des contrats des industriels de la consommation avec les distributeurs, conséquence d'une loi de 2008 qui régit les négociations commerciales.

Michel Biero n'est pas venu les mains vides. Invité sur BFMTV-RMC ce mercredi, le patron de Lidl avait sous le bras un énorme pavé de 400 pages reliées qu'il a montré à l'antenne. Il s'agit d'un des contrats annuels de l'enseigne de distribution avec un de ses fournisseurs, en l'occurrence une multinationale.

"Ça c'est un fournisseur, une multinationale, un contrat, sur un an, c'est 400 pages, indique Michel Biero. Ça c'est la loi de modernisation de l'économie, c'est la loi de l'opacité et c'est la loi de la complexité. Il faut 15 juristes pour écrire un contrat comme ça […] On n'y comprend rien […] Ça ne sert à rien, ça sert à l'opacité du monde industriel."

Le patron de Lidl fait référence à la loi de modernisation de l'économie (LME) de 2008 qui a modifié le cadre législatif de la grande distribution en rétablissant la liberté dans les négociations tarifaires entre distributeurs et fournisseurs. Une loi qui fixe un tarif général (prix de vente proposé par l'industriel) à partir duquel le distributeur vend des services (promotions, catalogue, tête de gondole…) afin de faire baisser ce prix.

Une loi que le patron de Lidl juge trop contraignante et complexe et qui n'est pas en mesure de garantir un prix minimum aux agriculteurs du fait de sa complexité et de l'opacité.

Cette loi ne régit pas en revanche les relations entre les distributeurs et leurs fournisseurs de produits de marques de distributeurs (MDD). À la différence des négociations commerciales annuelles avec les marques nationales, les MDD sont négociées toute l'année.

"Je vous ai ramené un autre contrat, c'est un contrat tripartite entre un groupement d'éleveurs, la distribution -donc nous- et l'industriel, ça fait quatre pages", montre Michel Biero.

"Le monde entier est dans ce schéma-là, il n'y a pas de loi de modernisation de l'économie en Espagne, en Allemagne et en Italie, rappelle-t-il. Cette loi était peut-être bonne en 2008 mais on est en 2024."Accusant les politiques de multiplier les lois contradictoires, Michel Biero pointe surtout la responsabilité des industriels du secteur qui se cacheraient derrière la complexité de la loi pour mal rémunérer les agriculteurs.

"Nous on ne sait pas quel est l'agriculteur derrière [quand on négocie avec un grand groupe], rappelle le patron de Lidl. C'est une opacité totale, on arrive à un prix d'achat qui à aucun moment n'a pris en compte la matière première agricole, le coût de production, le coût de transformation ou le coût de distribution."
Face à Face : Michel Biero - 21/02
Face à Face : Michel Biero - 21/02
20:42

Pour le distributeur, le gouvernement doit donc supprimer la loi LME, fixer un prix agricole minimum et laisser les distributeurs et les industriels négocier une fois ces préalables posés.

"Le gouvernement met 400 millions d'euros sur la table, c'est bien mais on ne parle pas de rémunération là, on parle d'aide. Les agriculteurs veulent vivre de leur métier et pour ça il faut un prix minimum garanti", conclut le patron de Lidl.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco