BFM Business
Conso

SNCF: ce qu’il faut savoir pour acheter son billet de train au meilleur prix

Depuis plus de 25 ans, la SNCF ne s’appuie plus sur la distance parcourue pour établir le tarif des billets de TGV. Les prix changent en temps réel, en fonction notamment du taux de remplissage. Mais il y a d’autres critères, dont certains sur lesquels vous pouvez jouer pour décrocher le meilleur tarif.

Comment la SNCF définit-elle le prix des billets de train? Les mieux informés répondront qu’elle utilise la tarification dynamique, le "yield" comme disent les pros du transport. C’est ce système automatisé qu’utilisent depuis des années les compagnies aériennes, pour faire varier les prix des billets sur chaque vol en temps réel, en fonction de critères comme l’offre et la demande, l’anticipation, les prix de la concurrence, etc…

Mais concernant les billets de train, quels sont les critères qui président à la tarification, et comment pèsent-ils sur le prix final ? La SNCF nous a donné quelques détails sur leurs algorithmes de fixation des prix.

Par exemple, "l’avance avec laquelle vous prenez votre billet de train n’aura un effet sur son prix que si vous le prenez au moins 90 jours avant le départ", explique Frédérique Pasquier, directrice pricing de la SNCF. En clair si vous le prenez 30 jours avant le départ plutôt que 15 jours avant, vous ne bénéficierez plus de prime à l’anticipation. Et concrètement, comme la SNCF ne met en vente les billets de train que trois mois avant leur départ, vous n’avez finalement que 2-3 jours pour profiter de votre capacité d’anticipation.

Attention, cela ne veut pas dire que le prix du billet sera le même que vous le preniez 30 jours avant ou 6 heures avant. En principe, il coûtera quand même de plus en plus cher à mesure que l’heure de son départ approche, en tout cas s’il se remplit.

Plus le train est plein, plus le prendre coûte cher

Le taux de remplissage, c’est la clé, le critère principal de la tarification de la SNCF: plus le train est plein, plus le prix du billet augmente. C’était là le but principal de la SNCF lorsqu’en 1993, pour les TGV, elle a abandonné la tarification au kilomètre au profit de la tarification dynamique. Elle voulait mieux remplir les trains des heures creuses, et désengorger les plus demandés.

"Si nous fixions le prix des billets de train en fonction de ce que ça nous coûte de les faire circuler, les trains du vendredi soir ne coûteraient rien mais seraient bondés. Et ceux du mercredi seraient vides et hors de prix", souligne Frédérique Pasquier.

Mais le taux de remplissage et l’anticipation ne sont pas les seuls critères qui font varier les prix des trains. Et la SNCF garde le secret sur les autres ingrédients de sa cuisine tarifaire interne. En 2013, deux chercheurs de l’Université de Lille avaient publié une enquête sur les effets du yield management sur les prix des billets de TGV. Ils y pointaient "la remarquable complexité du système de tarification" de la compagnie ferroviaire. Sur un Paris-Marseille, ils avaient recensé jusqu’à 37 tarifs différents pour un même train.

"Une vraie incompréhension des clients"

"Il y a quelques années, on a senti une vraie incompréhension de nos clients sur nos prix", reconnaît la directrice pricing de la SNCF. Ils avaient l’impression que les tarifs, opaques, ne faisaient qu’augmenter. Alors que "sur les billets de trains dont les prix sont ‘yieldés’, 89% sont vendus moins chers qu’ils ne l’auraient été sans le yield, et seulement 11% voient leur prix augmenter avec la tarification dynamique", indique Frédérique Pasquier.

Donc la SNCF interprète cette défiance des consommateurs comme un résultat de son monopole sur le ferroviaire. "Dans l’aérien, les usagers n’ont pas l’impression d’être floués avec la tarification dynamique parce qu’ils peuvent faire jouer la concurrence entre les compagnies. Mais pour les prix des billets de train, ils ne peuvent pas comparer entre différentes offres. Donc ils ont l’impression que la SNCF leur impose des tarifs inexplicables", souligne la directrice pricing de la compagnie.

La SNCF change sa comm'

Face aux critiques sur ses tarifs, la SNCF a néanmoins réagi. Elle a reconstruit une offre de prix bas avec le lancement de OuiGo, ses trains low cost, en 2013. Ensuite, elle a revu sa manière de communiquer. Avant, les pubs SNCF, c’était "Paris Marseille à partir de 25 euros". Mais les gens ne retrouvaient jamais ce prix sur le site, donc ils se sentaient trompés. Désormais, la compagnie communique plutôt sur le prix moyen des billets. Le message devient "Paris-Marseille pour environ 49 euros". Ou alors, pour Ouigo, des slogans du type "Paris Marseille pour 35 euros ou moins".

En revanche, la SNCF n’envisage pas vraiment de dévoiler aux usagers les formules de calcul qui président à la tarification. Tout simplement parce qu’il serait impossible de détailler que le prix de leur billet de train est défini à 30% par tel critère, 20% par tel autre, etc. Comme l’explique Frédérique Pasquier : "le poids de chaque critère dans la définition du prix du billet change chaque jour".

Nina Godart