Prix du gaz et de l'électricité: est-ce une bonne idée de changer de fournisseur?

L'envol des prix du gaz et de l'électricité peuvent inciter les clients à se tourner vers des fournisseurs alternatifs. S'il est possible de payer moins, il faut néanmoins choisir avec prudence sa nouvelle offre.

Changer de fournisseur d'énergie n'a jamais été facile. Alors que les prix des tarifs réglementés d'électricité et de gaz augmentent, il peut être tentant d'aller voir la concurrence pour obtenir de meilleurs prix. Attention néanmoins aux faux espoirs…

Quels sont les différents types de tarifs?

Depuis 2007, les marchés de l'électricité et du gaz sont ouverts à la concurrence. Dès lors, EDF et Engie (ex-GDF) ne sont plus les seuls acteurs sur le marché. De multitudes de fournisseurs, du plus petit à la grande multinationale, proposent donc des tarifs alternatifs plus ou moins proches de ceux des fournisseurs historiques.

En réalité, il existe deux options pour les clients: rester avec les historiques et profiter des tarifs réglementés dont le prix évolue une à deux fois par an. Ce sont les fameuses hausses dont on parle régulièrement et qui sont directement corrélées à la hausse des matières premières, pour le gaz mais aussi pour l'électricité.

Ces tarifs réglementés sont aussi la base sur laquelle sont proposés les tarifs des autres fournisseurs. Ces derniers peuvent proposer des tarifs à prix fixes (bloqués sur une ou plusieurs années) ou à prix variables qui suivent l'évolution des prix réglementés tout en assurant une décote.

Est-il intéressant de changer de fournisseur?

Une offre à tarif fixe (dont le prix a été bloqué) est par nature plus intéressante quand la tendance est à la hausse, surtout si elle a été souscrite lorsque les tarifs étaient très bas. Mais aujourd'hui encore, certains fournisseurs proposent des tarifs intéressants, jusqu'à 10% en dessous des tarifs réglementés pour l'électricité et 16% pour le gaz.

"Aujourd'hui, il existe des offres de gaz à prix fixe qui sont assez compétitives, même très compétitives par rapport au tarif réglementé " assure sur France Info la directrice générale des services du Médiateur de l'énergie.

D'autant qu'il est très facile de changer de fournisseur. C'est gratuit, possible autant de fois qu'on le souhaite et simple: inutile de résilier son contrat, il suffit de contacter le nouveau fournisseur qui s'occupe de tout.

Existe-t-il des risques à changer de fournisseur?

En réalité, le prix de l'énergie est assez monolithique. Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le tarif se décompose en trois tiers, dont deux sont finalement des coûts fixes, quel que soit le fournisseur. Le premier concerne la fiscalité et le deuxième l'accès aux réseaux. En clair, les deux tiers du tarif sont les mêmes pour tout le monde.

Le dernier tiers concerne la fourniture d'électricité ou de gaz. Là encore, la marge de manœuvre sur l'achat par les fournisseurs est plutôt réduite. C'est plutôt en rognant sur ses coûts qu'il peut tenter de baisser les prix. Invité ce mardi sur BFM Business, Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), a d'ailleurs tenu un discours étonnant sur la concurrence dans le secteur énergétique.

"Pourquoi voulez-vous que ça fasse baisser les prix? Cela sert à être agile, à faire des offres innovantes, à inventer l'avenir", a-t-il tranché. En clair, difficile d'espérer d'aller à l'encontre des prix des matières premières.

D'autant que cette hausse pourrait bien fragiliser les petits fournisseurs alternatifs. Au Royaume-Uni, le prix du gaz a mis dans le rouge une multitude de petits acteurs, incapables de faire face aux nouveaux coûts. En effet, ils se sont retrouvés à importer du gaz très cher, sans pouvoir répercuter cette facture sur le prix de leurs clients.

En France, E.Leclerc Energies a d'ores et déjà décidé de jeter l'éponge, selon les informations du Parisien. L'offre en électricité du géant de la grande distribution concerne 140.000 clients qui devaient initialement basculer vers une offre "dynamique", directement accolée aux variations quotidiennes du marché de gros de l'électricité. Le peu de marges promises à la filiale a mis un terme à son activité. "Un certain nombre de fournisseurs alternatifs, à force de vouloir faire de la concurrence sauvage, n'arrivent plus à fournir leurs clients car ils n'arrivent plus à exister" se désole Jean-François Carenco.

Alors une bonne idée?

Pour résumer, une offre à tarif fixe peut être une bonne idée pour éviter les futures hausses, à condition de bien regarder en détail l'offre proposée et de s'assurer de la solidité du fournisseur. Le médiateur de l'énergie propose d'ailleurs un comparatif des tarifs en vigueur sur son site. Attention aussi aux tarifs "dynamiques" qui suivent les prix du marché. Intéressants quand les prix baissaient, ils le sont bien moins aujourdhui.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business