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Primark ne se sent "pas concerné" par la fast fashion

La directrice générale de Primark France, Christine Loizy, estime sur BFM Business que l'enseigne irlandaise ne favorise pas la fast fashion. Selon elle, la proposition de loi visant à encadrer la "mode express" va néanmoins toucher "l'ensemble des commerçants qui vendent du textile".

Enseigne bon marché, avec des robes entre 10 et 28 euros, des jeans pour enfants à moins de 10 euros et des t-shirts pour hommes à 12 euros, Primark se défend pourtant de faire de la fast fashion. "Je ne me sens pas concernée", a déclaré Christine Loizy, la directrice générale de la marque en France, sur le plateau de BFM Business mercredi 27 mars.

"Je ne me sens pas concernée parce que je vois comment mes clients agissent dans mes magasins", a-t-elle insisté.

"Je vends 50% de produits qui sont des basiques: des chaussettes, des sous-vêtements, des joggings pour les enfants. Je vous garantis que les ménages qui viennent chez moi ne prennent pas quatre t-shirts. Ils prennent un t-shirt, parce qu'ils ont besoin d'un t-shirt et que je leur rends du pouvoir d'achat", a poursuivi Christine Loizy.

Primark a récemment ouvert deux nouveaux magasins en France, l'un à Rouen, fin 2023, l'autre à Tours en début d'année, portant à 27 le nombre de points de vente de l'enseigne irlandaise dans l'Hexagone. La marque, implantée depuis 2013 sur le territoire, compte ouvrir encore quatre nouveaux magasins d'ici 2025 en France.

À partir de combien de références une marque relève-t-elle de la fast fashion?

"Nous avons un modèle unique, depuis 1969, qui est de faire en sorte de rendre du pouvoir d'achat à nos consommateurs en offant un rapport qualité prix inédit", assure Christine Loizy.

Selon elle, la proposition de loi sur la fast fashion, adoptée le 14 mars en première lecture à l'Assemblée nationale, pose plusieurs questions. Le texte définit la "mode jetable" comme la vente "d'un nombre élevé de nouvelles références de vêtements ou d'accessoires neufs sur un temps donné". Les seuils chiffrés pour déterminer quelles enseignes seront véritablement concernées ne seront toutefois fixés que par décret.

La marque chinoise Shein est notamment dans le viseur des députés, mais la proposition de loi pourrait toucher "l'ensemble des commerçants qui vendent du textile", estime Christine Loizy.

Et de s'interroger: "Mais qu'est-ce que c'est qu'une référence: est-ce une couleur, est-ce une taille, est-ce un style? Aujourd'hui, on ne sait pas. Est-ce qu'on va comparer celui qui, comme moi, vend des vêtements pour toute la famille, à celui qui ne vend que des sous-vêtements pour adultes?"

La définition de la fast fashion "n'est pas claire" à l'heure actuelle, pour Christine Loizy. Un groupe de travail a été constitué à ce sujet avec le ministère de la Transition écologique, selon elle.

"Il faut que ce soit juste, mesurable et équitable pour tous", estime la directrice générale de Primark France.

Un éco-score établi sur quelles bases?

Le texte de loi prévoit en outre un malus écologique, de 5 euros par produit en 2025 et qui atteindra jusqu'à 10 euros par produit en 2030. Il sera établi notamment sur la base d'un éco-score, destiné à mesurer l'impact environnemental des marques.

"C'est très compliqué. Est-ce qu'on peut mesurer la durabilité d'un vêtement? Est-ce qu'on peut mesurer les produits durables? Il faut que ce soit basé sur des indicateurs scientifiques", insiste Christine Loizy.

Le modèle de Primark, qui compte 441 magasins dans 16 pays dans le monde, repose sur "deux collections par an seulement, qui sont envisagées neuf mois à l'avance", précise-t-elle.

La marque parviendrait à vendre très peu cher ses produits en les faisant fabriquer "dans des périodes creuses des usines pour bénéficier de prix intéressants". Christine Loizy vante en outre "pas d'invendus ou presque pas".

Mais comme beaucoup d'autres marques de vêtements, Primark profite aussi de la main-d'oeuvre bon marché asiatique. Les fournisseurs de l'enseigne se situent principalement en Asie. Sur les 851 usines avec lesquelles elle travaille, 449 se trouvent en Chine, 113 au Bangladesh et 101 en Inde, selon la "carte d’approvisionnement mondial" publiée sur Internet par l'entreprise.

Thomas Chenel