Pourquoi le prix de votre tasse de café flambe

Changement climatique, Covid-19, hausse du dollar... Un mauvais alignement des planètes fait grimper drastiquement les prix du café. Et il faudra encore un peu temps pour que les marchés se calment.

Cette fois, les consommateurs n'y échapperont pas. Les prix du café grimpent, y compris dans les supermarchés. Début février, les relations se sont même tendues entre le géant Jacobs Douwe Egberts (Café Grand’Mère, L’or, Maxwell, Jacques Vabre, Tassimo, Senseo...) et Intermarché. En cause, une augmentation des prix de 25%, refusée par l'enseigne de grande distribution. Résultat, le géant du café a cessé ses livraisons en attendant une renégociation.

Car depuis plus d'un an, les industriels du café voient les prix du marché s'envoler. "On était à 1 dollar la livre, on est désormais à 2,50 dollars la livre sur le cours de l'arabica" témoigne Florent Gout, expert de la filière caféière et responsable des achats du groupe MySpresso.

Pour les consommateurs, cela signifie une hausse des prix de 1 à 2 euros le kg, soit 2 à 3 centimes de plus pour l'expresso.

Coup de froid sur les plantations

En réalité, le marché du café connait une flambée inédite en raison d'une situation inédite. Le Covid-19, évidemment, continue de peser sur le commerce international. Acheminement, conditionnement, transport... autant d'étapes mises au ralenti et qui peinent encore à se rétablir.

A cela s'ajoutent des effets de plus en plus marqués dans le monde: les intempéries. La dernière récolte a été particulièrement calamiteuse, notamment au Brésil où un épisode de gel a détruit une partie de la récolte. "Cela a détruit 6 millions de sacs et a bouleversé complétement les marchés" expliquait en novembre dernier Giuseppe Lavazza, patron du groupe éponyme.

"Ces phénomènes climatiques ne sont pas nouveaux mais c'est vrai que l'épisode de gel a été particulièrement violent" renchérit Florent Gout. Autre mauvaise nouvelle pour les importateurs européens, le renchérissement du dollar par rapport à l'euro (+40% en 14 ans).

Enfin, cette flambée du café est aussi cyclique. Depuis plusieurs années, les prix étaient bas, trop bas pour les producteurs qui ont commencé à diminuer leurs plantations, faisant ainsi baisser la demande. "C'est ce qu'il se passe tous les dix ans" souligne Florent Gout. "Maintenant, les prix augmentent donc les plantations vont reprendre." Forcément, il faudra attendre un peu pour que cela se répercute sur les prix...

Demande en hausse en Asie

D'autant que le café, troisième boisson dans le monde la plus bue après l'eau et le thé, continue son expansion en Asie, un marché en pleine explosion.

En Europe et en Amérique du nord, marchés devenus mâtures, la progression vient plutôt du café en grain et du café de spécialité (café premium retrouvé principalement chez les torréfacteurs artisanaux). En ce sens, le confinement, qui a boosté la consommation à domicile, a renforcé ce changement de consommation. "Notre site qui végétait un peu a explosé depuis le confinement, et ça ne retombe pas" témoigne Florent Gout, dont l'entreprise s'est spécialisée dans les grains de qualité.

En ce sens, le café des artisans affichait déjà des prix bien plus élevés que le café des industriels, ce qui rend la flambée des prix presque indolore pour ces gammes de prix.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business