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Pourquoi la baguette a peu augmenté (pour le moment) malgré l'inflation

La baguette a augmenté d'à peine 5% en un an.

La baguette a augmenté d'à peine 5% en un an. - Pexels

En un an, la baguette de pain a pris 5% selon l'Insee quand les prix alimentaires flambaient eux de plus de 10%. Pour les boulangers, le prix du pain est hautement symbolique et ils ont préféré jusqu'à présent prendre sur leurs marges et augmenter les prix d'autres produits.

"Les révolutions en France débutent avec la hausse du prix du pain." Dans un article sur la flambée inflationniste en Europe, le New York Times rappelle l'importance de ce marqueur qu'est le prix de la baguette pour les Français.

Pourtant malgré la hausse généralisée des prix dans l'alimentaire depuis un an (+11,8% en octobre selon l'Insee), le pain ne flambe pas dans les mêmes proportions. Selon l'Insee, le "kilo de baguette" qui était en moyenne à 3,59 euros en octobre dernier coûte aujourd'hui 3,78 euros.

Une baguette pesant environ 250 grammes, le prix de cette dernière est donc passé de 90 centimes en moyenne à un peu plus de 94 centimes. Une hausse certes d'un peu plus de 5% qui reste deux fois moins élevée que celle des produits alimentaires sur la même période.

En un an, la baguette a pris 5%, une hausse deux fois moindre à l'inflation alimentaire.
En un an, la baguette a pris 5%, une hausse deux fois moindre à l'inflation alimentaire. © Insee

Pourtant les boulangeries ne sont pas épargnées loin de là par la hausse des coûts.

"Nous sommes à +30% de hausse sur la farine, +70% sur la levure, +20% sur l'emballage, +8% sur les salaires et sans compter les factures d'énergie", énumère Dominique Anract, le président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF).

"Le pain c'est politique"

D'autant qu'en 2022, 80% des boulangeries n'étaient pas couvertes par le bouclier tarifaire sur l'énergie.

Si la hausse des prix du pain est restée relativement raisonnable depuis un an c'est parce que les boulangers ont préféré répercuter les hausses sur d'autres produits (pâtisseries, sandwichs...) que sur la baguette, hautement symbolique.

"Le pain c'est politique", assure Dominique Anract. "Plus de 12 millions de personnes achètent une baguette chaque jour, voire plusieurs fois par jour. Si on l'augmente, ils le voient immédiatement. Les boulangers sont gênés de vendre 1,05 euro quelque chose qu'ils vendaient 95 centimes la veille."

De plus nombre d'entre eux étaient encore cette année protégés par leur ancien contrat d'électricité. Comme Jérémy Ferrer, boulanger à Meaux, qui a créé Grain de blé, un collectif de 200 artisans-boulangers.

"La plupart des contrats d'électricité et de gaz se terminent à la fin de l'année", indique-t-il. "Certaines factures vont être multipliées par 10 en 2023. On voit des choses incroyables comme des demandes de caution de 35.000 euros pour un renouvellement de contrat d'énergie "

Au 1er janvier 2023, les boulangers vont donc être contraints de faire de monter les prix. La profession prépare d'ores et déjà les esprits.

Vers une hausse de 15%?

À la confédération des boulangers, des simulations ont été faites suite aux nouvelles annonces du gouvernement sur les dispositifs d'aides aux petites entreprises. Si la profession accueille favorablement ce "bouclier tarifaire" pour les PME, il ne fera selon la profession que freiner la hausse des coûts de l'énergie.

"Si les factures doublent, nous allons devoir augmenter nos tarifs de 15%", estime Dominique Anract. "Tous ne le feront pas, certains augmenteront de 10% et prendront 5% sur leurs marges mais la hausse est inévitable."

Une hausse de 10% propulserait le prix moyen de la baguette à 1,05 euro. 10 centimes de plus qu'aujourd'hui et surtout la barrière psychologique de l'euro franchi pour la première fois.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco