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Pourquoi l'offre de livres de la rentrée littéraire est la plus basse depuis le début du siècle

Jamais au 21ème siècle il n'y avait eu aussi peu de livres programmés. La faute à l'envolée des coûts du papier et du carton.

C'est déjà parti pour la rentrée littéraire qui s'annonce sobre, avec un nombre resserré de parutions et des romans sérieux. Jamais au 21ème siècle il n'y avait eu aussi peu d'arrivages: seulement 466 romans prévus entre cette mi-août et la fin octobre, d'après le magazine spécialisé Livres Hebdo. C'est 5% de moins que l'année précédente, et surtout un tiers de moins que le record de quelque 700 romans établi en 2010.

Un recul qui s'explique par deux facteurs. "On observe depuis 2010 une érosion qui est assez naturelle, on était arrivé à des sommets, le marché du livre en France est très mature" souligne sur le plateau de Good Evening Business ce vendredi, Eric Dupuy, journaliste économique à Livres Hebdo.

+30 à 80% pour le papier et le carton

Mais c'est surtout la flambée du coût du papier et du carton qui a incité les éditeurs à réduire la voilure.

"Depuis deux ans, les éditeurs sont confrontés à cette hausse énorme du papier et des cartons, qui a fluctué de 30 à 80%, sans pouvoir la répercuter totalement sur le prix de vente. D'où cette baisse de productions de titres", poursuit Eric Dupuy.

Le spécialiste met également en avant un "resserrement des locomotives, c'est à dire les best-sellers, les auteurs qui tirent vers le haut les autres".

Pour autant, l'édition ne se porte pas si mal. En littérature, le livre de poche tire le marché. L'an dernier, il s'en est vendu 81 millions en France, contre 78 millions d'exemplaires "grand format", celui des nouveautés, selon l'institut GfK, référence sur les ventes de livres. Or, le poche génère bien moins de marges pour les éditeurs.

Le poche séduit plus mais génère moins de marges

En tirant le bilan de la rentrée de septembre 2022, GfK expliquait que dans l'"équation quantité/succès" (publier beaucoup pour s'assurer du volume, ou se focaliser sur quelques titres soigneusement choisis), "les lecteurs ont tranché". À savoir qu'ils sont sélectifs, exigeants quand ils dépensent plus de 20 euros dans un roman.

"Pour nos clients, même aisés, c'est un investissement", confirme à l'AFP Céline Maillard, libraire chez Richer, Rougier et Plé, à Angers. "On est en temps de crise, un grand format coûte cher, et potentiellement c'est un livre qui va rester dans une bibliothèque. Donc ce n'est pas un achat d'impulsion comme l'est un poche".

Sur les étals de cette librairie généraliste de centre-ville, la place n'est garantie que pour quelques écrivains très médiatisés. Les autres sont obligés de faire leurs preuves rapidement, ou ils tomberont dans les oubliettes de la littérature.

Olivier Chicheportiche avec AFP