Pizza, lasagnes et mozzarella: pourquoi la cuisine italienne domine le monde?

Pizzas, lasagnes, tomates et mozzarella, la cuisine italienne est partout. Érigée au rang de "meilleure cuisine au monde" depuis quelques années, elle domine les classements.

Samedi, heure du déjeuner. Les 220 places que compte le restaurant Libertino, filiale du groupe Big Mamma, ne désemplissent pas. Mieux, les clients font la queue dehors, attendant patiemment dans le froid parisien qu’une table se libère pour goûter les pâtes maison et les burratas géantes des pouilles. A l’entrée, une immense cuisine ouverte, où s’affairent une vingtaine de cuisiniers. A l’accueil, le directeur de l’établissement, Brando, lance des "bongiourno" aux clients affamés. Entre la déco surchargée et vintage, les serveurs aux accents italiens et l’odeur de pizza qui sort du four, Brando promet "un voyage en Italie". Et ça marche. Après avoir ouvert 9 bars et restaurants dans la capitale, Big Mamma s’est exporté à Londres, en Allemagne, en Espagne, et s’attaque désormais au marché... Italien.

C’est à Milan que Tigrane Seydoux et Victor Lugger, les deux français à l’origine du projet, ont décidé d’ouvrir leur prochain restaurant. Ceux qui voulaient ouvrir une chaîne de crêpes bretonnes ont bien fait de changer d’avis: d’après le dernier rapport de Coldiretti, rapporté par Italianfood.net, en mai 2022, le secteur de la nourriture et des boissons italiennes ne vaut pas moins de 575 milliards d’euros. Les exportations de produits ont d’ailleurs connu un vrai boom: +39,5% vers le Royaume-Uni, +21,9% vers les Etats-Unis et +17,2% vers la France. Pour un total de 52 milliards de dollars.

Cuisine la plus populaire au monde

Rien d’étonnant puisque la gastronomie italienne se place, en 2022, en première position des cuisines les plus populaires au monde selon TasteAtlas. La gastronomie Française, pourtant considérée comme la plus raffinée, n’arrive qu’en neuvième position.

D’après Bernard Boutboul, spécialiste de l’alimentation et à la tête du cabinet Gira Conseil, elle a longtemps été "la plus consommée". "La gastronomie italienne, et même méditerranéenne, n’a pris le dessus que depuis 6/7 ans", explique-t-il.

En cause? "La cuisine française est conservatrice et traditionnelle" analyse l’expert, alors que "l’Italie, c’est une cuisine ensoleillée, sexy et généreuse".

« l’Italie, c’est une cuisine ensoleillée, sexy et généreuse » © Unsplash

C’est aussi l’avis des clients de Libertino. Pour Clara, venue déjeuner entre copines, la cuisine italienne "y’a rien de mieux"! Le but, c’est de "retrouver les souvenirs dans l’assiette", ceux de sa grand-mère qui "cuisinait les lasagnes comme personne". Pour Florian et Jade, venus avec leurs deux petites filles, c’est d’abord "la qualité des produits italiens" qui prime. Mais aussi le prix. "Les restaurants gastronomiques Français, on ne peut pas se les payer" ajoute Florian.

"Le maximum qu’on peut payer pour un plat italien c’est 80 euros" confirme Bernard Boutboul, "et encore, c’est au George qui est étoilé!".

"C'est l'apologie du gluten"

Si la pizza s’est si bien exportée, c’est "parce qu’il fallait juste de l’eau et de la farine" analyse Tigrane Seydoux. La pizza se consomme dans le monde entier, s’adapte à chaque culture. Chèvre et miel en France, poulet tandoori en Inde ou encore pepperoni aux États-Unis, la pizza n’a plus rien d’Italien. Au même titre que le Coca-Cola ou les hamburgers, elle s’est érigée en élément incontesté et incontestable du patrimoine mondial. La France est d’ailleurs, d’après Bernard Boutboul, le premier mangeur de pizzas au monde! "Les Français adorent le blé, c’est l’apologie du gluten" ajoute-t-il en riant.

La pizza se consomme dans le monde entier et s’adapte à chaque culture © Unsplash

Pourtant, les pizzas et autres lasagnes ont largement dépassé les frontières de l’Europe. En France, "on a les meilleures écoles de cuisine, mais après le diplôme, les élèves repartent chez eux, aux quatre coins du monde" analyse l’expert. Pour Tigrane Seydoux, la cuisine italienne s’exporte aussi bien parce qu’elle est "quotidienne" et touche "une audience large". "J’ai beaucoup voyagé, et, où que vous alliez dans le monde, il y a des restaurants italiens" explique le cofondateur de Big Mamma. "C’est une cuisine qui rassemble, pour tous les âges et tous les budgets", conclue-t-il.

Eva Serayol