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Pas de pénurie de Nutella à l'horizon, assure Ferrero

Le Wall Street Journal affirme que la grave crise monétaire en Turquie pèse sur la production de noisettes, élément essentiel de la célèbre pâte à tartiner.

L'inquiétude est venue des Etats-Unis. Le 20 décembre dernier, le très sérieux Wall Street Journal créait un petit mouvement de panique en affirmant que des risques de pénuries pesaient sur le Nutella.

En cause, la grave crise monétaire qui frappe la Turquie avec une inflation galopante qui appauvrit notamment les producteurs de noisettes. Les prix des produits indispensables (engrais, essence...) pour faire pousser le fruit sec flambent. Du coup, la production baisse.

Or, le pays est le premier producteur mondial de noisettes avec une part de marché de 70% et Ferrero est évidemment un de ses premiers clients, il capterait pas moins de 30% de cette production (100.000 tonnes environ). Rappelons que les noisettes constituent 13% de la célèbre pâte à tartiner.

70% de la production mondiale de noisettes

Cette baisse de la production de noisettes pèserait donc sur la chaîne d'approvisionnement du groupe italien. Ce qui ferait craindre une pénurie.

Une interprétation farouchement contestée par Ferrero France interrogé par Le Parisien. "On tient à rassurer les consommateurs pour éviter les ruées sur le Nutella, nous ne prévoyons pas du tout de pénurie. Ferrero n’a pas eu écho de difficultés d’approvisionnement" dans sa chaîne logistique, indique un porte-parole.

Autre conséquence possible selon le Wall Street Journal, une probable augmentation du prix du Nutella. Là encore, le fabricant conteste: "Pour l’instant, les prix sont fixés et, comme il n’y a pas pénurie, il n’y aura pas d’augmentation des prix".

Ce n'est pas la première fois que le Nutella fait l'objet de rumeurs de pénuries. En 2019, l'usine Ferrero de Villers-Ecalles, en Seine-Maritime, premier site de fabrication au monde de Nutella, était bloquée plusieurs jours par des employés réclamant des augmentations de salaire.

Mais si la production avait ralenti, la pénurie tant crainte n'avait pas eu lieu...

Réduire la dépendance à la Turquie en plantant des noisetiers en Italie

Reste que la dépendance de Ferrero vis-à-vis de la noisette turque pose problème au groupe.

Poussé par l'opinion publique à revenir aux noisettes italiennes, Ferrero a relancé cette année la plantation de noisetiers dans le pays. Outre l'objectif de renouer avec une production locale et de réduire cette dépendance, il s'agissait aussi d'en finir avec des accusations de travail d'enfants dans les exploitations turques.

D'ici 2025, Ferrero entend donc planter 20.000 hectares de noisetiers, pour augmenter de 30% la surface de production alors que l'Italie est le second producteur mondial, très loin derrière la Turquie (9%).

Si cette décision ravit les agriculteurs italiens, elle suscite une certaine opposition des écologistes. Pour ses détracteurs, la monoculture intensive appauvrit les sols et entraîne ainsi une hausse des besoins en pesticide. Surtout, les noisetiers grignotent les vignes et les champs d'oliviers centenaires à travers la péninsule.

"La culture de la noisette ne détruit pas la campagne italienne. Le pays a une longue histoire de culture de noisettes et est l'un des principaux pays producteurs" affirme de son côté Ferrero.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business