BFM Business
Conso

"On va entrer dans un cercle vicieux": face à l'inflation, la filière bio craint un recul du marché

Le délégué général du Synabio a évoqué une diminution "de l'ordre de 12% sur une année" de l'offre bio en grande distribution.

Le bio va-t-il disparaître des supermarchés? Face à une demande en berne en raison de l'inflation, la grande distribution diminue l'offre de produits bio dans ses rayons. Un coup dur pour la filière, qui a récemment adressé une lettre aux principales enseignes pour les appeler à ne pas "se désengager" du bio. Une diminution "très importante" de l'offre "de l'ordre de 12% sur une année", a regretté ce mercredi matin le délégué général du Synabio, Charles Pernin, invité sur BFM Business.

"Si les enseignes de grande distribution continuent de réduire l'offre de produits bio, demain les consommateurs vont consommer de moins en moins de produits bio. On a déjà des témoignages de clients de supermarchés qui nous disent [qu'ils vont] faire leurs courses au supermarché du coin et [que] du jour au lendemain le rayon bio a disparu, remplacé par le rayon saveurs du monde", a-t-il avancé, craignant "de la casse dans les filières".

"On va rentrer dans un cercle vicieux où il y aura de moins en moins de produits bio, de moins en moins d'achats et le marché va reculer", a affirmé Charles Pernin.

Des produits plus chers

Les consommateurs se tournent vers les produits moins chers en période d'inflation et le bio, plus cher que les produits conventionnels, en fait les frais. Le délégué général du Synabio veut néanmoins "remettre de la clarté dans ce débat sur les prix", affirmant que le "prix de l'alimentation n'est pas [celui] que vous avez sur le ticket de caisse". Il évoque notamment des "coûts cachés" comme la dépollution des eaux ou les effets du changement climatique.

Charles Pernin craint que la mauvaise passe du bio ne pénalise les entreprises de la filière. "Ce sont des agriculteurs de nos territoires, ce sont des PME qui ont investi et créé des emplois depuis des années. On a besoin que la grande distribution, qui a été partenaire quand tout allait bien, reste aux côtés de ces filières quand la conjoncture est moins favorable", a-t-il demandé. "Sinon ce n'est plus du partenariat", mais "de l'opportunisme".

Jérémy Bruno