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Inflation: la filière bio exhorte les supermarchés à ne pas retirer ses produits des rayons

Les producteurs bio alertent sur des risques de "casse dans les fermes et entreprises" alors qu'ils accusent les distributeurs de "se désengager du marché bio".

Les temps sont durs pour la filière biologique. Dans une lettre ouverte publiée ce mardi, plusieurs de ses représentants ont accusé les enseignes de distribution de "se désengager du marché bio" dans un contexte d'inflation, risquant "de provoquer de la casse dans les fermes et entreprises".

S'adressant à Leclerc, Coopérative U, Carrefour, Auchan, Casino, Intermarché et Cora, ces producteurs constatent "une progression de la demande pour les 'premiers prix'" portant préjudice au bio, sur fond "d'inflation galopante". "Dans ce contexte, vous avez, en tant que leaders de la distribution alimentaire, un rôle clé à jouer pour maintenir une offre bio visible, attractive et diversifiée. Or, nous constatons que vos enseignes tendent en ce moment à se désengager du marché bio", ajoutent-ils.

Pour les trois organisations signataires de la lettre ouverte (Synabio, FOREBio et la FNAB), l'inflation n'est toutefois pas la seule cause du désamour récent des consommateurs pour le bio. "Le développement de démarches telles que HVE (certification Haute Valeur Environnementale, NDLR) ou Zéro résidu de pesticides, qui s'approprient les codes du label bio alors qu'elles sont loin d'offrir le même niveau d'exigence, crée la confusion chez les consommateurs", estiment-elles.

Ventes en baisse

Synabio, FOREBio et la FNAB reprochent notamment à la grande distribution de démanteler ses équipes auparavant dédiées au bio, de noyer leurs produits dans "des catégories aux contours mal définis comme 'l'offre durable'", ou encore de diminuer le réassort en produits bio. Elles chiffrent cette baisse à 7,3% entre janvier et septembre 2022.

"Nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux qui pourrait en quelques mois mettre en péril des filières entières et compromettre les efforts engagés depuis des années par les pouvoirs publics, les producteurs et les entreprises pour passer en bio", s'émeuvent-elles encore.

Cette situation risque de provoquer "de la casse dans les fermes et entreprises", les fermes s'engageant dans le bio ayant besoin d'au moins 3 ans voire 5 ans pour "décrocher le label", rappellent-elles. L'inflation, en particulier celle sur les produits alimentaires (+12% sur un an en octobre, selon l'Insee), risque de dégrader la qualité de l'alimentation des Français. Entre janvier et juin 2022, les ventes du bio étaient en baisse de 6,3%.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco