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Offrir un bilan sanguin à Noël? Le laboratoire Synlab se défend de vendre des "cartes cadeau"

Le réseau de laboratoires de biologie médicale Synlab propose des cartes prépayées pour des bilans de santé.

Le réseau de laboratoires de biologie médicale Synlab propose des cartes prépayées pour des bilans de santé. - Francois PICARD © 2019 AFP

Un syndicat de médecins s'est élevé contre des bilans de santé proposés sans ordonnance par ce réseau de laboratoires de biologie et qui prendraient la forme de carte-cadeau. Son directeur médical s'insurge contre ces accusations et évoque des supports d'information pour favoriser la prévention.

Des cartes-cadeau pour réaliser dans un laboratoire de biologie médicale des bilans de santé à placer sous le sapin de Noël? Une drôle d'idée dénoncée depuis quelques jours avec force sur les réseaux sociaux.

Ce sont ces cartes proposant ici un bilan Thyroïde, là un bilan Ménopause, distribuées par le réseau de laboratoires Synlab (400 établissements en France) avec un tarif associé qui sont épinglées.

De quoi provoquer une levée de boucliers de certains médecins contre cette "marchandisation" de la médecine. Rappelons qu'un bilan ou un test réalisé sans ordonnance n'est pas remboursé par l'Assurance maladie.

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Dans un communiqué, l’Union française pour une médecine libre (UFML-S) dénonce ainsi "avec la plus grande fermeté" ce type de proposition où "chaque patient peut s’offrir ou offrir un cadeau, avec un packaging calqué sur celui des ‘smartbox ou wonderbox’".

Pour le syndicat, cette offre ne "laisse planer aucun doute sur l’abord commercial de la santé du groupe Synlab" et "condamne cette dérive mercantile de la santé qui profite insidieusement de la pénurie médicale".

"Dérive mercantile" contre "nouvelle forme d'accès à la prévention"

"C’est un mépris pour les médecins, qui eux prescrivent leurs bilans après un examen clinique, de manière pertinente, raisonnée et responsable", souligne l'UFML-S.

"Ces cartes-cadeaux sont totalement scandaleuses: la santé n’est pas un commerce en France et cela doit le rester", assène sur RTL, le docteur Jimmy Mohamed. "On sait déjà que la médecine est à 2 vitesses dans notre pays (...) mais là, on franchit une limite avec ces cartes-cadeaux qui profitent de la pénurie de médecins pour vendre ces bilans".

Interrogé par BFM Business, Synlab s'étonne de ces critiques. Il rappelle d'abord que "tout patient qui souhaite faire un test biologique peut le demander à n'importe quel laboratoire et l'obtenir, sans ordonnance". Ce bilan ne sera pas remboursé par la Sécu sauf pour un test VIH et en 2024 pour d'autres maladies sexuellement transmissibles.

Surtout, il conteste fermement toute idée de carte-cadeau ou de carte prépayée. "C'est un peu la stupéfaction. Je n'ai jamais vendu et en aucun cas, je ne vendrai jamais de carte-cadeau pour un bilan de santé", nous explique Florian Scherrrer, le directeur médical de Synlab.

"Un parcours médicalisé, encadré"

Le médecin rappelle que ces cartes existent depuis 2018 et ont un objectif d'information pour les patients. "C'est un simple support d'information pour rappeler que tel bilan peut être réalisé sans ordonnance et comment ça fonctionne. On ne parle pas de consommation mais de prévention. En aucun cas, on peut acheter un bilan pour un tiers ou préacheter un bilan. L'amalgame qui a été fait est très regrettable", poursuit-il.

Surtout, Florian Scherrrer souligne qu'on n'achète pas un bilan comme une baguette de pain: "c'est un parcours médicalisé, encadré, avec des précautions d'usage, c'est-à-dire que le patient parle avec un pharmacien ou un médecin avant et après pour l'interprétation".

"On fait comment?" pour les patients sans médecin traitant

À qui se destine cette offre en définitive? "Certains sont dans l'urgence après un rapport sexuel non protégé par exemple. D'autres, n'ont pas de médecin traitant pouvant leur délivrer une ordonnance. On fait comment pour eux? C'est quoi la solution pour ces patients? En réalité, c'est un parcours de soins légal proposé par de nombreux laboratoires depuis longtemps, le but étant de favoriser, de simplifier l'accès à la prévention qui en France reste insuffisant. On propose des solutions, la culture de la prévention doit pouvoir prendre ce type de forme".

"On nous prête des intentions de marchandisation mais on n'évoque pas l'ensemble des éléments, ce n'est pas raisonnable", s'agace le médecin contre certains de ses confrères. Et de souligner que ces bilans sans ordonnance représentent "moins de 0,1%" de l'activité du laboratoire, 80% d'entre eux concernent des maladies sexuellement transmissibles et sont donc réalisés par définition dans l'urgence.

Interrogé par Le Figaro, le Conseil de l'ordre des médecins évoque de son côté de "fausses bonnes idées (à l'image des) télécabines dans les gares. Là, on est sur des offres sous forme de cartes qui ressemblent fort à des cartes cadeaux (...) Ça ressemble fortement à de la publicité", indique-t-on.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business