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Les producteurs de chips craignent la hausse des prix de l'huile de tournesol

Les producteurs français de chips sont inquiets. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ils ne peuvent plus s'approvisionner en huile de tournesol car l'Ukraine en est le premier exportateur mondial.

Conséquence de la guerre en Ukraine, la production de chips et de frites est menacée. L'Ukraine est le premier producteur mondial d'huile de tournesol, et le premier exportateur. Cet oléagineux, utilisé dans les cuisines du monde entier, est un élément essentiel pour la fabrication de certains produits, à l'image des chips.

Les producteurs français sont inquiets. L'entreprise Chipsim, fabricant de chips artisanales cuites au chaudron dans le Tarn, utilise entre 200 et 500 litres d'huile de tournesol par jour.

"Normalement, on a 25.000 litres d'huile en stock. Aujourd'hui, il ne nous en reste que 3000 litres. Je suis très inquiet", témoigne Alphonse Rodriguez, le gérant.

A cause du conflit en Ukraine, le prix de l'huile a flambé de 50% en mois et demi, et l'approvisionnement est quasiment impossible.

Des usines à l'arrêt

Car l'Ukraine a arrêté ses exportations d'huile. Les principaux ports ukrainiens sont bloqués, empêchant le transport de marchandise par la mer Noire. Et cette situation devrait se poursuivre pendant encore plusieurs mois puisque les usines de fabrication ne fonctionnent plus.

"La chaîne logistique doit se réorganiser avec des trains vers la Pologne, mais cela concernera uniquement les graines de tournesol encore en stock et non l’huile, car les unités de trituration sont à l’arrêt", témoigne Stéphane Gérard, fondateur de l'entreprise picarde So Chips.

L'avenir est incertain. Le semis des graines doit intervenir dans les prochaines semaines pour la récolte du mois d'octobre mais "personne ne sait si les agriculteurs ukrainiens pourront semer leurs champs", raconte Stéphane Gérard.

Les fermes tournent au ralenti car à cause de la guerre, la main d'oeuvre est difficile à trouver et des problèmes d'approvisionnement se font ressentir. Si les agriculteurs n'arrivent pas à semer, la pénurie d'huile pourrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année, provoquant une crise mondiale.

Vers une hausse du prix des chips

Les producteurs français craignent pour leur activité et cherchent des alternatives à l'huile de tournesol ukrainienne. Il existe bien de l'huile produite en France, mais la quantité n'est pas suffisante et son prix a fortement augmenté. "Sur le marché français, l’huile de tournesol est passée de 1800 euros en janvier à 3600 euros aujourd’hui", affirme Stéphane Gérard de l'entreprise So Chips.

Le fondateur de l'entreprise picarde réfléchit à se tourner vers d'autres huiles comme le colza. Mais selon lui, "cette transition nécessitera des adaptations techniques coûteuses". Un hausse des coûts qu'il devra probablement répercuter sur le prix de vente de ses paquets de chips.

"Ce n'est pas évident, mais si ça continue ainsi nous n’aurons pas d’autre choix", déplore-t-il.

De son côté, Alphonse Rodriguez de Chipsim refuse pour le moment d'augmenter ses prix. Pour se le permettre, il envisage de renoncer aux trois recrutements prévus cette année.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech