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Les distributeurs s'adaptent au plafonnement des promotions sur les produits d'hygiène

À partir de ce vendredi 1er mars, les enseignes de grande distribution n’ont plus le droit de proposer des promotions au-delà de 34% sur les produits d’hygiène et d’entretien.

Comme dans un sprint final, les distributeurs français ont multiplié les méga-promotions ces derniers jours sur la lessive, les couches pour bébés ou le produit vaisselle… "On a bombardé en promo avant", résume une source. Traditionnellement, ces opérations ont permis d’attirer les clients, qui stockaient les produits et complétaient leurs chariots avec d’autres articles. 

Avec cette mesure de la loi Descrozaille, qui plafonne les promotions à 34% sur les produits d’hygiène et d’entretien, "les volumes vont baisser", prédisait Thierry Cotillard, patron du Groupement Les Mousquetaires, sur BFM Business, juste avant sa promulgation, il y a un peu plus d’un an.

La moitié du chiffre d'affaires

L’institut d’études NielsenIQ estimait alors que les promotions "lourdes", au-dessus de 34%, représentaient la moitié du chiffre d'affaires réalisé par les distributeurs sur ce segment de produits et il prévoyait un manque à gagner de 232 millions d’euros sur l’ensemble du rayon sur un an. 

Mais à partir de ce vendredi 1er mars, ces distributeurs n’ont pas d’autre choix que de respecter la loi.

"C’est gênant d’abord pour le consommateur, surtout en ce moment, où il ne perçoit pas encore le ralentissement de l’inflation", martèle t-on dans les couloirs d’une grande enseigne.

Un autre interlocuteur déplore que ce plafonnement des promotions ne concerne pas les discounters, type Action ou TEDi, qui se fournissent dans des centrales d’achat à l’étranger. En chœur, tous les distributeurs déplorent que cette mesure profite surtout aux plus gros industriels du secteur, les multinationales. 

Les marques propres en renfort 

"Ce n’est pas la fin du monde non plus", nous disent plusieurs de ces distributeurs, qui ont réfléchi ces derniers mois à des solutions. "On s’adapte", lance l’un de ceux que nous avons contactés. Il explique que son enseigne prévoit par exemple d’appliquer des promotions plus fortes sur d’autres catégories de produits. Il table aussi sur des baisses de prix, en rayons, sur certains produits de droguerie. Des baisses obtenues lors des négociations commerciales, nous dit-il, au regard des cours des matières premières.

Surtout, plusieurs distributeurs comptent aujourd’hui plus qu’avant sur leurs marques propres, les fameuses marques de distributeurs (MDD). "Les clients ne sont pas idiots, ils vont acheter des MDD!", parie une source. Une autre mise sur "des baisses de volume pour les gros industriels", qui sont "en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis", d’après elle. Les produits de marque de distributeur représentent déjà notamment un tiers des ventes de System U, 36% chez Carrefour, et les volumes progressent.  

Contacté par BFM Business, le député Frédéric Descrozaille, à l’origine de la loi, rappelle que le plafonnement des réductions à 34 % sur les produits d’hygiène et d’entretien répond à un objectif de protection des industriels lors des négociations avec la grande distribution, notamment les petites ou moyennes entreprises (PME). Cette mesure, dit-il, est "expérimentale", en 2024 et 2025. Il compte vérifier d’ici là qu’il n’y a "pas eu d’impact sur le pouvoir d’achat" des consommateurs.

Pauline Tattevin