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Le chèque carburant, bonne réponse à la hausse des prix?

Initiée en 2016 par la région Haut de France, l’aide réservée aux automobilistes les plus affectés par les prix records du carburant a pour le moment peu inspiré les autres collectivités.

Voici cinq ans, la région Hauts-de-France a décidé d’aider financièrement ses habitants contraints de prendre leur voiture pour aller travailler. Une sorte de "chèque carburant" d’un montant forfaitaire de 20 euros par mois.

Pour avoir droit à ce soutien financier, les automobilistes doivent répondre aux conditions suivantes: être salarié, ne pas gagner plus de deux fois le Smic (2516 euros net), être domicilié loin de son lieu de travail (20 km minimum et non plus 30 km comme c’était le cas lors de sa création) et n’avoir un accès direct à aucune ligne de transport urbain pouvant assurer ce déplacement.

Imposable jusqu’en 2018, cette aide a été défiscalisée à partir de 2019, Emmanuel Macron ayant -en pleine crise des gilets jaunes- qualifié de "bonne philosophie" ce coup de pouce imaginé par Xavier Bertrand.

Estrosi reprend l'idée de Bertrand

En 2019, la métropole Nice Côte d’Azur saisit la balle au bond et instaure à son tour un "chèque carburant" de 60 euros par trimestre. Les conditions sont un peu différentes. Une distance de 10 kilomètres entre le domicile et le lieu de travail suffit pour faire partie des bénéficiaires.

La desserte en transports collectifs est également moins restrictive. Pour avoir droit à ce coup de pouce, il suffit d'habiter à plus de 500 mètres d’une halte de tramway. 23.000 automobilistes (soit 10% des ménages que compte la Métropole présidée par Christian Estrosi) vont en bénéficier dans les deux ans qui suivront son instauration.

Un ratio supérieur à celui des Hauts-de-France, où le nombre des bénéficiaires a dépassé en 2020 les 48.000 selon la Région, soit près de 2% des ménages des Hauts-de-France. Pour une facture qui cette année a déjà atteint 10,5 millions d'euros.

Expérience de courte durée pour les Azuréens

Sans évoquer les questions de coût, Christian Estrosi a décidé, de son côté, d’arrêter les frais après deux ans.

"La métropole a fait le choix de soutenir de nouveaux dispositifs d’aides à la mobilité verte (prime pour l’achat d’un véhicule électrique, d’un vélo électrique ou non)" explique un porte-parole du maire de Nice, qui préside également la métropole.

Pour autant, le chèque carburant peut apparaître comme une bonne réponse à la situation actuelle. En effet, une baisse des taxes –coûteuse pour l’Etat- n’aurait qu’un faible impact sur les prix et profiterait à tous les automobilistes, y compris ceux qui ont les moyens de faire face.

Par rapport à février 2020, un gros rouleur dépense une douzaine d'euros de plus

La généralisation du chèque carburant permettrait à l’inverse de cibler les automobilistes les plus affectés par l'envolée actuelle. Une aide de 20 euros par mois ferait en effet plus que compenser la hausse des prix. En février 2020, avant que la pandémie touche la France et que les prix à la pompe chutent, du fait d’un effondrement des cours du pétrole, le litre de gazole coûtait en moyenne 1,42 euro contre 1,54 euro aujourd’hui.

Pour un automobiliste roulant au diesel et effectuant 60 kilomètres par jour pour aller travailler et autant le week-end, cette hausse représente donc entre 10 et 13 euros par mois de plus à débourser, selon sa consommation. Reste à savoir qui pourrait financer une telle généralisation. Si 5% des salariés devaient être éligibles, son coût atteindrait un peu plus de 300 millions d’euros par an. Et évidemment le double pour toucher 10% des salariés, soit 2,5 millions de ménages.

Autre écueil que souligne dans l'entourage de Barbara Pompili: le temps nécessaire pour sa mise en place. Mais la ministre de la Transition écologique assure n'exclure aucune piste pour répondre à l'urgence.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco