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La sécheresse et la canicule modifient les choix des Français pour leurs vacances en France

Selon les professionnels du tourisme, les destinations qui connaissent la plus forte croissance sont celles qui ont le moins souffert des fortes chaleurs l’an dernier.

On le sait, les Français n'ont absolument pas l'intention de sacrifier leurs vacances d'été malgré l'inflation. Mais une autre variable entre en jeu: le climat. Les risques de canicule, de sécheresse, de restrictions liées à ces conditions, notamment pour les piscines, modifient-ils les choix des consommateurs pour leurs congés en France?

La réponse est oui selon les professionnels du tourisme interrogés par BFM Business. Abritel.fr (locations de maisons et d'appartements entre particuliers) confirme ainsi "un fort intérêt pour les régions qui ne sont pas connues pour leurs fortes chaleurs".

Concrètement, la plateforme constate que le littoral du quart Nord-Ouest "connait la plus forte progression des recherches de locations de vacances par rapport à l’an dernier avec près de +25%, du Pas-de-Calais à la Loire-Atlantique en passant par la Normandie et la Bretagne".

Le Pas-de-Calais, la Manche, la Bretagne font le plein

Le Pas-de-Calais connaît la progression de recherches la plus forte devant la Manche, les Côtes d'Armor, le Finistère, l'Ille-et-Vilaine et la Somme (recherches effectuées depuis le 1er janvier jusqu’au 28 avril, pour des séjours entre le 8 juillet et le 4 septembre 2023, NDLR).

"Ces destinations sont celles qui ont le moins souffert des fortes chaleurs l’an dernier", souligne Xavier Rousselou, porte-parole d'Abritel.

Si la question de la météo entre en jeu, Abritel souligne également que ces destinations "se trouvent être plus abordables que celles du Sud, les vacanciers y payant en moyenne un prix de location par nuit en juillet-août de 30 à 50% inférieur".

Même tonalité chez PAP.fr où, à date, les réservations pour des locations en Bretagne et Loire-Atlantique sont en hausse de presque 15% alors que celles pour la Côte d'Azur chutent de près de 21%.

Pour les départements de l'Atlantique sud, le repli est de 7% et de 9% pour le Languedoc ou encore de 12% pour le Vaucluse.

"Les fortes chaleurs de l’été dernier ont clairement incité les Français à se tourner vers des destinations moins chaudes afin d’éviter les fortes chaleurs. La Bretagne ainsi que la Loire Atlantique sont cette année nettement plus plébiscitées, le budget vacances y étant de plus, plus abordable que dans le sud" nous explique la plateforme.

Le succès de ces destinations a priori "tempérées" est confirmé par le baromètre annuel des vacances réalisé par Ipsos pour Europ Assistance.

Si "la région PACA est toujours en tête des régions plébiscitées (24%), la Bretagne fait son entrée dans le top 3 cette année avec 21% d’intention de s’y rendre" peut-on lire.

Dans les campings, la question des piscines

La France offre le premier parc de campings en Europe et deuxième dans le monde après les Etats-Unis, avec 7500 campings dont 3900 avec un espace piscine. Exemple dans les Pyrénées-Orientales qui connaît déjà des alertes sécheresse et où plus de la moitié des campings sont équipés de piscines.

"Si on ferme les espaces aquatiques, il y a un effondrement de la fréquentation touristique dans ces campings et de l'activité touristique environnante", assure à l'AFP Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA).

Des mesures ont été mises en place par la préfecture et par les acteurs du tourisme de la région pour drastiquement économiser l'eau mais sans avoir à ordonner la fermeture des piscines.

Tous les campings des Pyrénées-Orientales se sont également engagés à travers la Fédération départementale de l'hôtellerie de plein air à prendre des mesures pour réduire de 30% leur consommation d'eau.

De quoi rassurer les vacanciers?

Le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy, a déclaré début juin à l'AFP avoir constaté "un trou d'air dans les réservations". "Mais c'est reparti", a-t-il ajouté, tandis que le président de la fédération locale des campings Paul Bessoles a souligné "une bonne résilience" de la clientèle.

"On a eu une petite relâche début juillet, les gens ont eu peur de ne pas avoir la piscine, on a reçu pas mal de coups de téléphone", confirme Joëlle Faille, responsable du Front de Mer, un camping de la région.

Pour autant, la tendance est bel et bien à la quête du frais. Selon la plateforme de réservation Campings.com, "il y a un recul net pour des destinations chaudes et sèches" avec -17% pour les Pyrénées Orientales, -27% pour le Var.

A l'inverse, la côte ouest cartonne avec +11% pour le Finistère, +16% pour le Morbihan, +12% pour la Vendée et +29% pour la Charente-Maritime.

Les vacanciers anticipent et recherchent également des locations équipées de climatisation. Exemple dans l'Hérault, où 64% des clients ont réservé des hébergements avec climatisation, c'est 16 points de plus en un an.

A l'étranger, les destinations chaudes font-elle peur?

Chez les distributeurs de séjours au forfait (vol+hôtel) à l'étranger, les risques de grosses chaleurs ne semblent pas refroidir les Français.

Lidl Voyages, par exemple, nous explique que la Tunisie, la Grèce et l'Espagne occupent les 3 premiers rangs des destinations hors de France les plus réservées.

Même tendance pour Promovacances/Fram où le bassin méditerranéen représente 35% des ventes totale. Mais on trouve la Bretagne et la Normandie dans le top 5 des ventes.

Chez PAP.fr au contraire, les réservations vers l'Espagne chutent de presque 11% dont -18% en Andalousie.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business