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Construction

Les Bretons pourront-ils encore construire leur maison ces prochaines années?

La loi zéro artificialisation nette des sols empêchent les communes de construire comme elles le souhaiteraient sur des espaces naturels ou agricoles. En Bretagne, il faudra se battre pour acquérir des terrains constructibles.

La loi zéro artificialisation nette des sols risque de faire des victimes. D'ici 2031, les communes devront diviser par deux le rythme d'artificialisation des sols en fonction de la surface qu'elle avait déjà artificialisée entre 2011 et 2021.

Mais pour Claude Joncour, conseiller municipal de l’opposition à Châteauneuf-du-Faou dans le Finistère, cela va "pénaliser les territoires ruraux qui auront peu ou rien consommé, contrairement aux grandes villes qui ont beaucoup construit", déclare-t-il à Ouest-France. Et il ajoute: "Si l’on ne peut plus construire, on va fermer nos écoles, nos hôpitaux et le déséquilibre sera accentué entre les territoires ruraux et les métropoles. Tout le diable de cette loi est dans la clé de répartition décidée par l’administration".

A l'initiative de Claude Joncour, un texte a été adopté au niveau de la communauté de communes de Haute Cornouaille pour définir "une clé de répartition respectant l'équité des citoyens et des territoires". Puis d'autres communes approuvent des textes similaires, mettant la pression sur la région, en charge de cette répartition. Ainsi, les Bretons devront se répartir 9000 hectares de surface pouvant être artificialisée entre 2021 et 2031. 1100 hectares sont réservés aux "projets d'envergure" de l'Etat. Les 1207 communes bretonnes vont donc se diviser 7900 hectares. Avec l'idée de ne pas demander à tout le monde les mêmes efforts (-50% d'artificialisation), en fonction de neuf critères de répartition liés à des données de l'Insee.

Xavier Hamon, président de la communauté de communes de Loudéac communauté – Bretagne Centre, regrette que, parmi les critères retenus, celui de l'eau n'ait pas été pris en compte. "C’est nous qui apportons l’eau à des territoires comme Rennes. Nous subissons, mais il a fallu trouver un consensus. J’ai exprimé mon mécontentement plusieurs fois et je continue à me battre car l’avenir de nos communes rurales est en jeu".

Michel Balluais, président du Pays de Fougères, est lui-aussi mécontent: "On demande au Pays de Fougères une réduction de 44% (de l'artificialisation des sols entre les périodes 2011-2021 et 2021-2031, NDLR), alors qu’au niveau régional, on fait un effort de moins de 41%. Quand vous faites un métro à Rennes, vous n’avez rien consommé car c’est déjà urbanisé. Mais quand vous faites une piste cyclable dans le pays de Fougères, c’est pour votre commune".

Quoi qu'il en soit, le foncier constructible va mécaniquement se réduire dans la région, ce qui devrait renchérir le prix des terrains dans les années à venir.

Diane Lacaze