La fréquentation des "cars Macron" en hausse de 100% depuis le début la grève

La SNCF en grève, les voyageurs se sont rabattus sur les cars longue distance depuis deux semaines. Ils ont ainsi transporté plus d'un million de personnes depuis le début du mouvement. Et le leader Flixbus enregistre des réservations records depuis 24 heures.

Merci la grève à la SNCF. Si les perturbations dans les gares compliquent la vie des voyageurs depuis deux semaines, elles font tout de même des heureux: les compagnies d'autocars. Depuis deux semaines, la fréquentation des cars dits "Macron" explose.

Le leader Flixbus (60% du marché en France) a enregistré des voyages en hausse de 100% depuis le 5 décembre dernier par rapport à la même période l'année dernière. "Un quart de cette hausse est liée à la croissance naturelle du marché mais le reste c'est la conséquence des grèves", analyse Yvan Lefranc-Morin, le directeur général de la compagnie d'auto-cars.

Le patron de Flixbus estime avoir transporté sur la période quelque 700.000 personnes. Alors qu'en moyenne sur l'année la compagnie véhicule un peu plus de 200.000 personnes sur deux semaines. Et la compagnie détenant aux alentours de 60% de parts de marché en France, cela fait donc plus d'un million de personnes qui ont emprunté un car longue distance sur la période.

Des hausses de tarifs logiques

"On assiste à un changement d'habitude dans les modes des transports", estime Yann Lefranc-Morin. Beaucoup de nouveaux clients qui n'avaient jamais utilisé nos services se sont convertis ces dernières semaines." Au point de dépasser le TGV? Tout de même pas selon le patron de Flixbus. "Certes avec la grève il y a seulement un TGV sur quatre en circulation depuis deux semaines, mais il en faudrait un sur 20 pour qu'on transporte plus de monde qu'eux!", estime le patron du leader des auto-cars. Bien qu'en forte croissance, les "cars Macron" ont transporté 9 millions de personnes en 2018 contre 110 millions pour les TGV InOui et OuiGo.

Et les réservations s'accélèrent à l'approche des fêtes. Alors qu'un tiers des voyageurs n'est pas assuré d'avoir de place pour partir à Noël, les clients se sont rués sur les cars. "On était déjà sur 90% de hausse sur Noël mais depuis 24 heures, on assiste à une forte accélération", confie Yann Lefranc-Morin qui estime que les voyages vont faire un bond de 110 à 120%. La compagnie qui utilise en temps normal 330 véhicules a pu renforcer sa flotte sur la période passant à 400. "Et tous auront un taux de remplissage record", estime le patron de Flixbus.

Et pour permettre plus de voyages, les compagnies ont obtenu des autorités de faire rouler leurs chauffeurs plus longtemps trois jours par semaine.

Et cette hausse de fréquentation s'accompagne d'une hausse de prix. L'association UFC-Que Choisir à constaté des prix parfois multipliés par 15 sur un même trajet. Un Paris-Lyon est ainsi passé de 5 euros fin novembre à 79 euros début décembre, constate l'association de consommateurs qui accuse les compagnies d'abuser de la situation.

Du côté de Flixbus, on assure que ces hausses sont tout à fait normales. "5 euros c'est le prix d'une place quand le bus est vide, explique Yann Lefranc Morin. Leur tarif augmente au fur et à mesure que le car se remplit. Nos prix sont par ailleurs plafonnés, on ne peut pas faire ce que l'on veut." Comme dans toute l'industrie du transport, les compagnies de cars utilisent le yield management qui fait fluctuer les prix en fonction de la demande. Et avec la demande qui explose du fait de la grève, les clients de dernière minute paient fatalement plus chers que les clients qui avaient réservé leurs places des semaines à l'avance.

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco