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"Il y a aussi des industriels qui veulent faire passer des hausses": Leclerc peu optimiste sur les négociations commerciales à venir

Le président du Comité stratégique des centres E. Leclerc appelle à la prudence sur les annonces concernant des baisses de prix dans les rayons dès le début de l'année 2024 car pour l'instant, aucune loi n'oblige les industriels à renégocier.

Michel-Edouard Leclerc refuse de céder à l'euphorie. Quelques jours après les réunions des distributeurs puis des industriels à Bercy, le président du Comité stratégique des centres E. Leclerc s'est exprimé au sujet des négociations commerciales anticipées qui doivent permettre de réduire les prix dans les rayons dès le mois de janvier. "C'est un discours volontariste, il est le bienvenu, a-t-il souligné sur le plateau de CNews. [...] La législation française, voulu par les parlementaires français, est inflationniste et il y a une bataille politique en perspective. Il va falloir aller chercher ces baisses avec les crocs."

Et pour cause, le dirigeant de la grande distribution rappelle que la législation actuelle limite les négociations commerciales à une régularité annuelle. Concrètement, rien n'oblige les industriels à revenir à la table des négociations et Michel-Edouard Leclerc n'entrevoit "pas beaucoup de baisses de prix tant que la loi n'est pas modifiée."

"Il y a des gens qui sont pour l'inflation"

Le président du Comité stratégique des centres E. Leclerc a de nouveau dénoncé "la spéculation et l'hyperinflation" à laquelle se sont adonnés des industriels "qui ont eu peur de ne pas passer la hausse de coûts et y sont allés trop fort", le résultat étant une hausse des prix alimentaires de l'ordre de 20% depuis un an et demi. S'il reconnaît que de rares industriels ont proposé des promotions, il insiste sur le fait que celles-ci étaient ciblées sur leurs invendus "comme les grandes marques ont énormément augmenté, ils se sont plantés et ce sont nos marques de distributeurs qui ont fait un carton".

Surtout, Michel-Edouard Leclerc pointe du doigt l'existence d'acteurs favorables à l'inflation qui "n'est pas simplement un poison, mais un impôt sur les Français". "Je pense qu'il y a des gens qui sont pour l'inflation, c'est le non-dit de ce débat, estime-t-il. Il y a une communauté financière qui possède des actions d'entreprises qui a besoin et veut cette inflation."

"Quand on dit qu'on va autoriser à renégocier, on oublie de dire qu'il y a aussi des industriels qui veulent faire passer des hausses. Aujourd'hui, il y en a autant que des industriels auxquels on pourrait réclamer des baisses. Le combat contre l'inflation doit devenir une priorité nationale."
Timothée Talbi