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Foodwatch dénonce les méthodes des géants de l'agroalimentaire pour attirer les enfants vers "la malbouffe"

Dans une enquête, l'ONG met en lumière les stratégies des grandes marques pour séduire les plus jeunes et estime que 9 produits étudiés sur 10 ne devraient pas faire l'objet de marketing tant ils sont mauvais pour la santé.

La dernière enquête de l'ONG Foodwatch s'est penchée sur les produits alimentaires destinés aux enfants et aux adolescents. Et sans surprise, parmis les 228 boissons et aliments étudiés, la plupart (9 sur 10) "sont trop gras, trop sucrés, trop salés selon les critères nutritionnels de l’Organisation mondiale de la santé".

Ces produits considérés par l'organisation non gouvernementale comme de la "malbouffe" sont pourtant l'objet d'intenses campagnes marketing des grandes marques afin de séduire les jeunes consommateurs. Pour Foodwatch, ces 9 produits sur 10 ne devraient donc pas être autorisés à user de telles méthodes.

Fast-food, malbouffe : est-on condamné à mal manger en France ? - 17/05
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24:39

"Les McDonald's, Nestlé, Unilever, Mondelez, Burger King et autres Lindt incitent les enfants à consommer des aliments mauvais pour leur santé. À rebours du consensus des experts de santé, le gouvernement ignore les recommandations d’un encadrement strict de ces pratiques délétères", peut-on lire.

"Matraquage quotidien"

Ces incitations sont constantes et bien réalisées, souligne l'ONG. "Ce matraquage quotidien sape les efforts d’éducation des parents tandis que les plus jeunes, séduits, développent des préférences alimentaires catastrophiques pour leur santé", s'alarme-t-elle. 

Les exemples sont en effet nombreux. Pitch est épinglé "pour ses tournées d’été avec ses stands de distribution de brioches et appâte les enfants avec ses jeux et structures gonflables, un club de plage version malbouffe".

Hollywood chewing-gum est dénoncé pour son sponsoring de "la tournée de concerts des rappeurs toulousains Big Flo & Oli, adorés des 9/15 ans". Le géant Bel "a noué un partenariat de 10 ans avec Disneyland Paris: ses Kiri Goûter, les Babybel ou la Vache Kiri trop salés pour la santé des enfants sont la vedette de la sortie de plusieurs attractions du parc".

L'ONG dénonce également la participation du rappeur Jul à une publicité vidéo pour le soda Oasis, ou la création d'une cannette Coca-Cola en partenariat avec la chanteuse Rosalia.

"A la limite de la manipulation"

"Les géants de la malbouffe n’hésitent pas à élaborer des stratégies à la limite de la manipulation afin de s’immiscer au sein des familles et saper les efforts d’éducation alimentaire des parents impuissants face à ces techniques marketing agressives. C’est totalement immoral et irresponsable quand on voit les conséquences de la malbouffe sur la santé des plus jeunes aujourd’hui et pour leur futur", assène Audrey Morice Chargée de campagnes Foodwatch France.

Quant aux actions de ces grandes marques pour "redorer leur image et s’afficher en entreprises responsables", "c'est du vent", lance l'ONG à l'image de la charte d’engagement volontaire "EU Pledge".

"Vingt-trois géants de la bouffe se sont engagés à ne plus faire de marketing ciblant les enfants de moins de 13 ans… sauf pour les produits qui respectent des critères nutritionnels qu’ils se sont ont eux-mêmes fixés. Quoi de mieux pour jouer, que de fixer ses propres règles du jeu?" s'interroge l'ONG. 

Foodwatch demande donc aux autorités d'imposer des règles strictes aux géants de l'alimentaire. "La commercialisation des produits trop gras, trop sucrés, trop salés, destinée aux enfants ne devrait être autorisée que pour les aliments qui répondent aux critères nutritionnels du modèle de l’OMS", insiste l'association qui a également lancé une pétition en ligne.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business