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Comment l’inflation affecte la consommation de certains produits alimentaires

Parmi les produits dont les consommateurs se détournent on trouve, sans surprise, ceux qu’on réserve à la célébration de moments festifs: foie gras et champagne. A l'inverse, les Français se ruent sur les sandwichs.

Les prix dans les hyper et supermarchés continuent à augmenter. Et cela a des conséquences sur ce que les Français achètent lorsqu’ils font leurs courses. La société IRI qui suit ces évolutions toutes les semaines fait un constat qui, en soi, n’a rien de surprenant mais qui risque de peser lourd sur l’activité des filières concernées. Les ventes des aliments qui incarnent le luxe, de ces produits qu’on réserve à la célébration de moments festifs se portent mal.

On peut prendre l’exemple du foie gras. Iri observe qu’à la mi-octobre le chiffre d’affaires générée par les ventes de lobes au rayon frais est quasiment inférieur de moitié (-42,8%) à ce qu’il était l’an passé à la même époque de l’année. Un plongeon que les problèmes sanitaires que connaissent certains éleveurs n'explique qu'en partie. Moins spectaculaire pour le foie gras en conserve (-19%), la baisse n'en reste pas moins considérable.

Les ventes de champagne en chute de 21%

Il en va de même pour le champagne. Le nombre de bouteilles vendues le mois dernier a baissé de plus de 21% par rapport à septembre 2021. Le chiffre d’affaires du rayon champagne a un peu moins baissé. Mais c’est lié au fait que le prix moyen des bouteilles a nettement augmenté.

On ignore d’ailleurs c’est si cette hausse des prix a amplifié la baisse des ventes. Les producteurs de champagne vont donc devoir plus que jamais compter sur les ventes à l'export qui, il est vrai, sont en nette hausse.

Les ventes de marques premier prix progressent mois après mois

A côté de ces produits dont les ventes ont chuté, il y a ceux qui se vendent mieux. Le plus frappant, c’est le succès des marques "premier prix" qui s’amplifie. En volume, les ventes ont, depuis le début de l’année, progressé de 7,2%, toujours selon Iri. Et au mois de septembre, le cap des 10% a été franchi, toujours en volume.

Contraintes de fortement réviser à la hausse leurs prix, du fait de l’envolée des cours des matières premières et de l’énergie, ces marques n’ont pour autant pas perdu leur premier argument: elles restent les plus abordables dans leur catégorie. Et la proportion des consommateurs comparant systématiquement les prix ayant augmenté, elles finissent plus souvent dans leur panier.

Les Français se ruent sur les sandwiches

Iri relève également une envolée des ventes au rayon "sandwichs". Depuis le début de l’année, elles ont progressé de 15,5%, par rapport aux neuf premiers mois de 2021, générant 21,3% de plus de chiffre d’affaires.

L’explication est double. L’année dernière, il y avait plus de Français qui étaient en télétravail donc qui pouvaient se préparer un vrai déjeuner. Et par ailleurs, l’inflation conduit de plus en plus de salariés à ne plus déjeuner en semaine au restaurant, préférant faire des économies en se contentant d’un sandwich.

Le cas particulier des pizzas surgelés
Un autre produit a vu ses ventes plonger mais, là, sans lien avec l’inflation. Il s’agit de la pizza surgelée. La chute a débuté il y a six mois, au moment où a été dévoilé l’affaire des pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E-coli et suspectées d’avoir causé la mort de deux enfants. Ces révélations ont détruit la confiance d’une partie des consommateurs. Iri relève que depuis le début de l'année, les ventes dans les rayons ont baissé de plus de 25% par rapport à la même période de 2021.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco